Un arrêt qui fera date dans l’histoire des pesticides.

Les néonicotinoïdes sont interdits en France depuis 2018, mais en 2020 les betteraviers obtiennent une dérogation pour lutter pour trois ans.

Jeudi 19 janvier 2023, la Cour de justice européenne a confirmé l’interdiction des néonicotinoïdes sous forme de semences enrobées, un camouflet cinglant pour l’exécutif

Alors que Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, avait annoncé en décembre vouloir prolonger la dérogation à l’interdiction des néonicotinoïdes dans la culture de betteraves, se faisant le porte-voix des lobbies du secteur et de l’industrie sucrière, la justice européenne lui donne tort.

Aucune dérogation n’est possible à l’interdiction européenne des semences traitées aux néonicotinoïdes, y compris dans les circonstances exceptionnelles invoquées pour protéger les betteraves, a estimé la Cour de justice de l’Union européenne, compromettant les “autorisations d’urgence” octroyées par plusieurs pays dont la France. Les arrêts de la CJUE s’imposent aux juridictions des Vingt-Sept pays membres.

L’Union européenne a interdit depuis 2018 l’usage en plein champ, pour toutes les cultures, de trois néonicotinoïdes (clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride), accusés d’accélérer le déclin massif des colonies d’abeilles. Apparus dans les années 1990, ils protègent les betteraves de la jaunisse, transmise par les pucerons verts, en s’attaquant au système nerveux des insectes, donc des pollinisateurs.

Même à faible dose, abeilles et bourdons sont désorientés, ne retrouvent plus leur ruche, le sperme des mâles est altéré… : ces insecticides tueurs d’abeilles ne peuvent bénéficier d’une dérogation s’ils ont fait l’objet d’une interdiction préalable. Et ce, même si les cultures étaient menacées d’une épidémie.