Une initiative pour les 10 ans de la salle de spectacle

Dans « Mémoire des cités des Forges de Fraisans », documentaire co-réalisé avec François Royet, Sylvie Malissard de la compagnie le Porte-Plume a recueilli sur plusieurs mois les témoignages d’anciens habitants de la cité, ressuscitant un pan d’histoire.

Les Forges, citées depuis 1365, ont été construites au bord du Doubs. Elles sont reconstruites par les Nardin en 1526 qui installent un haut fourneau sur la rive droite du Doubs et la forge sur la rive gauche. Elles connaitront un grand essor au XIXème siècle avec la création en 1854 de la Société de Hauts-Fourneaux, Fonderies et Forges de Franche Comté, regroupant 2 établissements en 1860 qui occupaient 1500 ouvriers sur le seul site de Fraisans en 1862. La construction de la forge neuve en 1856 entraîne un rapide accroissement de la population locale. De 256 habitants en 1856, Fraisans passe à 3049 en 1866.

Des cités ouvrières sont alors bâties.

La première, pouvant accueillir plus de 200 familles, prend place sur la rive droite du Doubs près du pont. Elle se compose de six bâtiments de 65 m de long, appelés séries, alignés trois par trois de chaque côté de la rue conduisant à l’usine. Les plus anciens, entre 1856 et 1861, sont composés de deux logements en profondeur par travée, chaque logement formé de deux pièces (une à l’étage) et possédant une entrée particulière. Les plus récents, vers 1865, sont à deux étages avec accès au second par un escalier extérieur en bois et une galerie couverte. Des jardins sont ménagés à proximité.

La première série au nord, face à l’école des filles, abritait la coopérative (boulangerie, épicerie et boucherie) avant qu’elle ne soit transférée dans un bâtiment proche.

L’allée qui mène aux Forges était bordée de logements ouvriers bâtis au XIXe siècle. Mais après quatre siècles d’activités, les Forges se sont éteintes définitivement en 1936 et ces logements, restés habités un temps, ont finalement été démolis en 1974.

La parole à ceux qui se souviennent encore

Les entretiens entrecoupés d’images sépia donnent la parole à Ghislaine Falon, Gilles Paillotte, André Dorkeld (dit Pitchoune), Norbert Riva, et tant d’autres, nostalgiques de leur enfance malgré le confort spartiate, sans eau courante. Tous regrettent la disparition de ce paysage, de cet immense terrain de jeu au-delà des jardinets, même si les mères redoutaient le Doubs voisin.

Modestes, les familles de la cité évoquent un modèle résilient, loin de la fragilité de la vie moderne du XXIe siècle. Chacun faisait pousser fruits et légumes, élevait poules et lapins…

Drôle et émouvant, le film a été très applaudi par la centaine de spectateurs venus à la salle des Forges assister à la projection samedi 18 mars. Une déambulation dans l’allée des Forges a suivi, animée par une partie des témoins filmés, avant le partage du verre de l’amitié autour d’une exposition de photos et de documents.

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