Le 25 mars 2023 à la médiathèque de Gendrey

« Pour moi, on aide à remettre la nature en ordre » résume Alister, un des adolescents présents, qui forme des boules avec ses mains. Pas de panique, cette méthode de semis est totalement non violente ! Malgré le terme qui s’explique par l’origine de l’action et un esprit de dérision.

Le 25 mars 2023 à la médiathèque de Gendrey, de nombreux enfants et adultes ont assisté à l’atelier « Bombes à graines » organisé par Serre Vivante et la médiathèque de Gendrey, et animé par Claire Chantefoin.

Des bombes à graines pour végétaliser les friches

Un moyen ludique, un peu malin, pour faire pousser des fleurs là où la nature est très contrôlée et partout où elle peine à prendre ses droits parce que beaucoup d’endroits, en ville surtout, sont goudronnés, cimentés parfois désherbés. Les friches, berges, terrains vagues, remblais de chantier et l’ensemble des espaces urbains délaissés sont des endroits de prédilection où apporter la biodiversité.

Toute une histoire

Cette technique ancestrale de jardinage a été utilisée dès l’Antiquité en Égypte au Moyen-Orient, dans certaines parties de l’Afrique du Nord et civilisations amérindiennes. Dans l’Égypte ancienne, ce procédé est préconisé pour remettre en état les champs après les crues annuelles du Nil. Par la suite, cette technique tombe dans l’oubli. C’est Masanobu Fukuoka, un agriculteur japonais (un des pères de la permaculture) qui redécouvre cette technique au cours de la Seconde Guerre mondiale. Par la suite, les bombes à graines sont connues pour avoir été utilisées aux États-Unis pour refleurir les espaces en ville, notamment en 1973, avec le mouvement militant new-yorkais « The guerilla gardening ». Aujourd’hui elles sont aussi adoptées pour lutter contre la déforestation, particulièrement au Kenya, manuellement, mais aussi par avion ou hélicoptère ! Le lancé de bombes à graines est aussi un moyen d’action pour interpeller les pouvoirs publics sur les problématiques de l’environnement et des espaces oubliés. Une manière de faire entrer la nature particulièrement en ville.

«Les bombes pour moi, c’est pour favoriser la biodiversité.»

Geoffrey résume ainsi l’intérêt majeur des bombes à graines.

Mais la biodiversité : qu’est-ce que c’est ? « Bios » signifie « vie », en grec » explique Claire Chantefoin. « La “biodiversité” désigne donc la grande variété des espèces vivantes sur la terre sous toutes ses formes : végétales, animales, dont l’humain fait partie. C’est donc l’ensemble des écosystèmes : terrestres (les forêts, les champs…), marins ou plus largement aquatiques (mares, cours d’eau, lacs…).

“Le concept de biodiversité” renvoie également à la présence de l’Homme : l’homme qui la menace, l’homme qui la convoite, l’homme qui en dépend pour un développement durable de ses sociétés… Les fleurs sorties des bombes à graines vont attirer les insectes pollinisateurs, comme les abeilles ou les papillons qui favorisent la vie en butinant.

Ça aide à garder les graines plus longtemps

C’est pour un autre enfant le point fort des bombes à graines : dans la nature, si vous jetez des graines “nues”, une grande partie d’entre elles sera mangée par les souris, les oiseaux ou les insectes. Charbon de bois, boue, ou ici terre glaise sont la base de la boule de graines et agissent “comme une éponge” qui aide la plante à germer.

où jeter les bombes à graines ?

Terrains vagues, friches en pleine ville, et là où il y a un peu de terre pour que la vie puisse s’y développer et dans vos jardins si vous avez envie… « Moi je voulais jeter les bombes partout et voir si ça pousse ou pas », dit Ulysse.

Geoffrey quant à lui veut en jeter « au bord du Doubs et des champs », Océane veut « faire des bombes pour décorer le jardin », Laurine souhaite « avoir des fleurs dans mon jardin à la Barre » … mais attention ! on ne les met pas dans les champs cultivés, dans les endroits tondus (pelouses), chez vos voisins sans leur en parler, dans des endroits protégés comme des réserves naturelles sous peine de bouleverser l’écosystème en place.

Et il est conseillé de demander aux municipalités avant de décider de fleurir vos communes !

Benjamin, de conclure : « C’est la première fois que j’entends parler de consoude, que je vois des graines de coquelicots. Maman est fleuriste, je vais tout lui raconter ! ».

Mode d’emploi

  • Terre argileuse
  • Terreau
  • Eau
  • Graines. Ici : œillet d’inde, phacélie, lin, nigelle de Damas, coquelicots, cosmos, pavot rose, tournesol, echinacea, zinnia, consoude.

Proportions

  • 1 volume d’argile pour 2 volumes de terreau.
  • Assez d’eau pour que la forme «boule» puisse tenir dans le temps.

étapes

  • Mélanger le terreau, l’argile en poudre et un peu d’eau puis former des boulettes (les bombes) de 2 cm de diamètre.
  • Y introduire 1 ou 2 grosses graines (tournesol), ou de 5 à 10 pour les plus petites (fenouil).
  • Laissez sécher 24 heures.
  • Conservez vos boules dans un endroit frais, sombre et sec si vous ne les utilisez pas tout de suite.
  • Planter ou lancer les bombes de graines d’avril à juin. Recouvrir si besoin les bombes de graines d’un peu de terre pour leur permettre de retenir un peu d’humidité. à la première pluie les bombes à graines vont s’imbiber d’eau, l’argile va se déliter et la sphère s’ouvrir. Les semences sont ainsi dans les bonnes conditions pour germer. Arroser éventuellement pour leur donner un petit coup de pouce.
  • Puis, être patient ! Le temps de germination est de 2-3 semaines.

 Janette Deville Par Janette Deville  Claire Chantefoin et Claire Chantefoin lire l’article dans le bulletin

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