Agir pour le Désarmement Nucléaire

Parmi les nombreuses prises de parole en cette journée mondiale de la paix, le 1er janvier 2023, Serre vivante a choisi de partager avec vous les mots d’Antoinette Gillet.

Merci à Père Godefroy et à ses frères de la communauté d’Acey d’accueillir aujourd’hui l’arbre de la Paix, le Ginkgo biloba survivant de la bombe atomique d’Hiroshima.

« Avec tous les amis d’Agir pour le Désarmement Nucléaire, je voudrais également saluer, et remercier les élus du territoire qui ont répondu à notre invitation. Leur présence est déterminante. Premier échelon de la démocratie, les maires détiennent un pouvoir considérable de prise de conscience.

Nous n’avons pas choisi la dissuasion nucléaire

Par l’information que vous pouvez communiquer au sein de votre Conseil Municipal, les habitants de notre région vont apprendre qu’à une cinquantaine de km de chez eux, au CEA de Valduc, sont entretenues 290 ogives nucléaires : menace redoutable pour la sécurité de tous. Chacune de ces ogives présente une puissance 5 fois supérieure à la bombe d’Hiroshima. Elle peut donc tuer un demi-million de personnes. Mais jamais les citoyens que nous sommes n’ont été informés du risque qu’ils encourent, et n’ont pu donner leur avis sur ce qu’on appelle “la dissuasion nucléaire” : le choix de tuer en notre nom des milliers de civils, hommes, femmes et enfants.

Le budget 2023 vient d’être voté par le parlement

Au moment où tous les territoires s’inquiètent de la dégradation du service de santé, au moment où la guerre d’Ukraine alimente l’inflation et frappe les plus pauvres d’entre nous, il n’y a pas eu de débat sur les 5,6 milliards d’euros dédiés cette année à l’armement nucléaire, pas plus que sur la dépense massive, entre 50 et 60 milliards, qui devrait être consacrée à la modernisation et au renouvellement des forces de dissuasion dans la nouvelle loi de programmation militaire 2024/2030 qui sera adoptée dans les prochains jours.

La paix nous concerne tous

Chers amis Maires, vous avez ce pouvoir d’information, et d’interpellation que le préfet devra relayer auprès du chef de l’état. Vous pouvez demander que soit organisé un débat public à l’échelon national.

Vous pouvez demander que la France ne soit plus une des 9 puissances de destruction massive, et qu’elle signe le traité d’interdiction des armes nucléaires.

Vous pouvez planter cet arbre magnifique que nous célébrons aujourd’hui, et organiser autour de lui une fête annuelle pour la paix, le 22 janvier, par exemple, jour de la signature du traité international des Nations unies visant à interdire les armes nucléaires dans le monde (signé à ce jour par 92 états et ratifié par 68). Ou bien à l’automne, en cueillant avec les enfants les écus d’or, messages de non-violence et de volonté de paix.

Pour votre message et pour votre engagement, chers frères d’Acey, chers amis élus, chers militants, merci et bonne année »

Valduc, une Installation Nucléaire de Base Secrète

En 1957, les responsables du programme nucléaire militaire cherchent un site retiré pour y développer, à l’abri des regards, des activités à risque qu’il n’est pas possible de réaliser au centre de Bruyères-le-Châtel, trop proche de l’agglomération parisienne. Leur choix s’arrête sur Salives, commune à 40 km au nord-ouest de Dijon. Le Centre d’Études Nucléaires de Valduc s’installe ainsi sur un domaine d’environ 600 hectares, dans une zone très forestière, à faible densité humaine. C’est là que vont être fabriquées les têtes nucléaires de la force de frappe française. Le centre utilise du tritium, du deutérium, du plutonium et de l’uranium pour fabriquer les différents modèles de bombes. Il assure aussi la maintenance des armes — en particulier des têtes thermonucléaires qu’il faut régulièrement recharger en tritium — et le recyclage des modèles déclassés, ce qui implique des opérations d’extraction particulièrement polluantes. Toutes ces activités génèrent des déchets et des rejets radioactifs dans l’environnement, mais Valduc est une Installation Nucléaire de Base Secrète et aucune information n’est donnée aux populations riveraines.

Fermons Valduc

Tout usage de l’arme nucléaire provoquerait des conséquences humanitaires catastrophiques auxquelles aucun pays ne pourrait faire face. La France ne prépare pas sa population au risque d’une frappe nucléaire, préférant l’abriter sur le pari que personne n’osera l’impensable. Chaque année, des associations manifestent devant le CEA de Valduc à l’occasion des commémorations des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki. Un jeûne international contre l’armement nucléaire a alors lieu à Valduc mais aussi à Paris, Büchel en Allemagne et Burghfield au Royaume-Uni.

Communes franc-comtoises ayant déjà planté un ginkgo biloba pour le désarmement nucléaire et pour la paix : Brevans (39), Dampierre (39), Romain (39), Saligney (39), St Maur (39), Vevy (39), Petit-Mercey (39), Besançon (25), Pesmes (70).

 Antoinette Gillet Texte d’Antoinette Gillet lire l’article dans le bulletin