autour de la serre
Un égayoir (également appelé guéoir, guévoir ou encore gayoir) est une construction en pierre située à proximité d’une arrivée d’eau, disposant d’une faible retenue d’eau et initialement destinée au nettoyage des pattes des chevaux (détrempage, entretien, soins, etc.).
Le Littré donne comme étymologie à ce nom masculin « aiguayer » où on retrouve, non pas la gaîté (même si le verbe égayer signifie rendre gai), mais aigue, l’eau en vieux français (aqua en latin). Le terme serait originaire de Lorraine. Selon le Dictionnaire de Trévoux, édition Lorraine 1738-1742, guéer un cheval, c’est «le promener dans l’eau pour le rafraîchir en quelque gué ou eau courante où il ne soit pas en danger de le perdre». Selon le même document, guéer est synonyme d’aguayer, de quayer et d’ayer. En revanche, il n’est jamais question d’égayer ni d’égayoir. On peut penser que « guéoir » vient du verbe guéer, endroit où l’on guée, mais ce n’est pas prouvé.
Dans leur ouvrage intitulé «Le patrimoine des communes de la Meuse» (Éditions Flohic, 1999, p. 631), les auteurs Jocelyn Wolff et Sophie Michiels indiquent : « Le pédiluve est appelé dans la région “guéoir” ou “égayoir” : il s’agit d’un emplacement pavé descendant en pente douce de la rive jusque dans le lit de la rivière […]. ».
EXHUMATION D’UN BEL ÉGAYOIR SUR LA BRIZOTTE À MONTMIREY-LA-VILLE
Dans un article publié sur son site moissey.com, Christel Poirrier rapporte que le « jeudi 30 octobre 2003, après la pose de la première pierre de la future maternelle communautaire, Jean Picot de Moras d’Aligny a attiré l’attention de ceux qui voulaient sur cette dernière trouvaille, qui est justement en face de la future école et au bout du village, au bout de la Brizotte communale, un égayoir à chevaux ».
Les photographies illustrant cette page montrent que le fond de l’égayoir est dûment pavé, les chevaux se rendant au bain, parfois attelés, sur un plan, sinon à niveau, au moins en pente douce. Le bief pouvait être fermé par un panneau de bois, de quelques dizaines de centimètres de hauteur, enfiché dans des rainures taillées dans les pierres latérales pour accueillir cette « vanne » et permettre l’élévation de l’eau au niveau adapté au bain des animaux.
LA MUNICIPALITÉ DE PEINTRE RÉALISE EN 2004 LA RÉFECTION DE L’ÉGAYOIR COMMUNAL
Ce bel édifice en pierre se trouve à la sortie du village sur la route d’Auxonne (RD37), au niveau du cimetière. Sous la plume de Jean Bourge, correspondant local de la Voix du Jura (n° 3117 du 19 août 2004), on apprend que « La restauration du “creux” est bientôt terminée et les anciens se souviennent : Henri Durey, agé alors de 82 ans, déclarait avoir toujours vu cet abreuvoir à bestiaux servir afin que les vaches et les chevaux du village viennent boire le soir ou le matin. Présent sur le site à l’occasion de l’inauguration, l’ancien maire se rappelle lui que le cerclage des roues de voitures se faisait également à cet endroit. «Ils faisaient un grand feu, mettaient le cercle à rougir autour des roues de voitures en bois et aussitôt trempaient le fer dans l’eau. L’eau reste à une hauteur de 1,20 m environ grâce à une source qui ne tarit jamais et ceci permet d’avoir de l’eau en permanence.»
DEUX ÉGAYOIRS À CHEVAUX À CHAMPAGNEY
Le premier se situe sur le Nacey, entre le pont à deux arches et le grand lavoir. Le second est voisin du lavoir du hameau de la Tuilerie. Ce lavoir à deux corps est la copie, en plus petit, du grand lavoir de Champagney, édifié en 1869.
Les bassins, servant de lavoir, de rinçoir, d’abreuvoir et d’égayoir pour les chevaux, couvrent une surface considérable. Certains imaginent que les troupes militaires stationnées à Auxonne auraient pu être des utilisatrices des installations des villages avoisinants lors de leurs manœuvres. De fait l’égayoir semble démesuré par rapport à l’agglomération du hameau de la Tuilerie.
L’ÉGAYOIR DE ROMAIN SE TROUVE SUR LA GAUCHE À L’ENTRÉE DU VILLAGE, EN VENANT DE VIGEARDE
Derrière un petit pêcher et un lagerstroemia indica, également appelé lilas des Indes, sous une fine couche de terre aujourd’hui, cet emplacement pavé descendant en pente douce préservait l’eau de source et de pluie pour abreuver les chevaux de passage autrefois. Sachant que de nombreux chevaux circulent alentour et sans-doute davantage dans les années à venir en raison de la transition énergétique, ce lieu de haute importance est à maintenir en l’état. On espère qu’il figure sur le PLUI Jura Nord comme ceux de Taxenne et Rouffange.
Si vous avez connaissance d’autres édifices semblables autour du massif de la Serre, merci de nous faire partager vos connaissances … et photographies !
Par Christel Poirrier, Moissey
Cliquez sur l’image ci-dessus pour découvrir le texte publié dans le bulletin 54 !