envisager l’après
La Commission Locale de Concertation et de Suivi organisée par la Société des Carrières de Moissey a réuni à Offlanges une douzaine de participants le 4 novembre 2022.
Les maires d’Offlanges, Moissey, Montmirey-le-Château et d’Amange, les représentants de l’ONF, de Natura 2000 et des associations de protection de l’environnement ont ainsi pu rencontrer les nouveaux responsables de la carrière.
M. Ludovic Simon, responsable foncier-environnement chez Colas, a animé la réunion, accompagné de la nouvelle directrice technique de la carrière, Mme Marine Sépulcre, ainsi que de Mme Sarah Lebrun, nouvelle responsable QSE (qualité, sécurité, environnement) chez Colas. Après avoir rappelé les éléments de l’autorisation d’exploiter accordée le 11 avril 2017 (arrêté préfectoral n° 2017-19-DREAL) pour une durée de 12 ans (dont 2 pour la remise en état) sur un périmètre de plus de 74 hectares, M. Simon est rentré dans le détail des chiffres de l’année.GRANULATS, UN MARCHÉ AU RALENTI
Avec 218 000 tonnes d’eurite extraites, le rythme d’extraction est inférieur en 2022 au volume annuel autorisé (230 000 t), pour la 5e année consécutive. Après dégagement de la couche de grès qui recouvre le filon d’eurite, la roche est concassée pour produire des granulats (gravillons et sables), utilisés à 97 % pour les usages requis par l’arrêté préfectoral, à savoir l’enrobé bitumineux des couches de roulement des routes. Les quelques 250 000 t de grès superficiel décapé en 2022 serviront pour la réhabilitation. Le sable et autres matériaux non vendus sont stockés. Le tas augmente ainsi de quelques 50 000 t en 2022. Un volume plus important que celui de la collégiale de Dole !
VIBRATIONS, BRUITS, REJETS D’EAUX SALES : DES NUISANCES SOUS SURVEILLANCE
Les tirs de mines font systématiquement l’objet d’une mesure des vibrations. Comme l’année dernière, sur une douzaine de tirs, un seul a déclenché le sismographe cette année. La mesure (0,9 mm/s) est conforme à la limite autorisée préfectoral (3,5 mm/s). Pour le bruit, une campagne de mesures est effectuée tous les 3 ans seulement, en 3 points : en limite de la carrière, à Moissey et à Offlanges. Aucun retour sur l’efficacité des travaux d’insonorisation réalisés dans les années passées mais tout semble conforme.
Les eaux du site sont collectées (environ 3000 h de pompage en 2022 contre 5862 h en 2021) dans un bassin de décantation avant rejet au milieu naturel. Les analyses des eaux du bassin décanteur ont révélé des non-conformités concernant les matières en suspension en 2020 et 2021. Les mesures 2022 n’ont pas pu être communiquées et l’on ne peut donc dire si le curage des boues effectué le 7 avril 2021 aura permis d’améliorer le fonctionnement de l’installation. Si les rejets dans La Vèze sont présentés comme conformes à la réglementation, les éléments concernant l’état de santé du ruisseau ne font l’objet d’aucun suivi.
BEAUCOUP DE POUSSIÈRE …
L’analyse des poussières est faite grâce à 7 jauges. Celle d’Offlanges, placée au cimetière, pourrait être repositionnée plus au sud du village en un lieu à fixer par la municipalité. Les chiffres communiqués montrent de très gros écarts entre les retombées du premier semestre, presque deux fois plus élevées, et la moyenne annuelle.
L’autorisation d’exploiter prévoyait la mise en place d’un système d’aspersion des pistes pour abattre les poussières. Malheureusement les pompes installées par la société des carrières n’ont pas la puissance suffisante pour remonter l’eau sur l’ensemble du site et les pistes proches du front de taille ne peuvent être aspergées. La remédiation à ce défaut reste hélas toujours à l’étude.La canicule et la sécheresse de l’été ont conduit à une interdiction de l’arrosage, pour l’industriel comme pour chacun de nous. On imagine alors la dégradation de la qualité de l’air, pour les hommes mais aussi pour la faune et la flore riveraines. Faut-il alors stopper l’exploitation ? Le bureau d’études chargé du suivi environnemental n’a toujours pas remis son rapport annuel…
Dans le cadre des mesures compensatoires, l’autorisation de 2017 prévoyait la création d’un ilot de sénescence de 0,45 ha dans le périmètre d’exploitation. Hélas, cette parcelle a été en partie rasée en 2018. En remplacement, le carrier envisage une autre zone de 0,41 ha en limite de la forêt d’Offlanges. Sans attendre l’accord de la DREAL, une étude du potentiel de vieillissement a été sollicitée auprès de Natura 2000.QUEL AVENIR POUR LE SITE ?
La moindre intensité de l’activité laisse espérer au carrier une prolongation au-delà de 2027, date prévue pour la remise en état. Celui-ci considère qu’une ou deux années supplémentaires lui permettraient de constituer un dossier de demande d’exploitation sur un nouveau périmètre au cœur du massif. Il connait la présence de poches d’eurite aisément exploitables dans les bois de Dole et de Montmirey-le-Château.
Serre Vivante a rappelé les vives oppositions rencontrées lors de la précédente demande, projet menaçant de couper littéralement en deux un massif forestier en zone Natura 2000. Il faut mettre à profit les prochaines années pour penser la reconversion du site historique et Colas devra éventuellement identifier un autre site en périphérie du massif (Brans, Saligney ou Serre-les-Moulières ?) pour une création de carrière s’il veut poursuivre l’exploitation de l’eurite.
Quelques chiffres :
Engins : 2 pelles, 6 dumpers et 2 chargeurs / Installation : 4 concasseurs et 3 cribles / Personnel : ≈ 10 équivalents temps pleins.
document présenté à la Commission Locale de Concertation et de Suivi le 4 novembre 2022
Par Pascal Blain, président de Serre Vivante
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