Un témoignage de notre patrimoine local
Paul Mallard (1809-1884) était un notaire et un juge de paix, mais il a été avant tout pour nous, paysagiste, lithographe, peintre, et nous a laissé un nombre d’œuvres importantes.
Son travail a été reconnu par ses contemporains. Il nous a laissé un témoignage de son temps sur notre patrimoine local. Oublié par le temps, il était juste de rendre hommage à cet illustre inconnu.
Notaire à Pagney de 1834 à 1847
Paul Mallard est né à Dijon, le 12 avril 1809. Le 23 juin 1830, à Marsannay la Côte (21), il se marie avec Anne-Marie Prudent. Il est alors étudiant en droit. Le 5 septembre 1830, Esther Agathe naît à Dijon de leur union.
Paul Mallard est notaire à Pagney (39) de 1834 à 1847. Les époux donneront naissance à un fils, Sébastien Philippe, le 6 avril 1836 à Pagney. Il décédera le 3 octobre de la même année.
Après son notariat à Pagney, il a essayé de vivre de ses dessins et de ses peintures mais on le retrouve juge de paix à Selongey (21) de 1849 à 1854. Sa fille Agathe se marie dans cette même ville le 6 septembre 1854 avec Jean-Baptiste Honoré Reboul.
Il poursuit sa carrière dans la magistrature en tant que juge de paix, successivement à Laignes (21) de 1855 à 1857, à Seurre (21) de 1857 à 1865, à Saint-Germain du Bois (71) de 1865 à 1875 et à Doulevant le Château (52) de 1875 à 1879.
Au gré de ses mutations, il continuera de dessiner son environnement. (Paysages, châteaux…) Sa femme Anne-Marie Prudent décède à Marsannay-la-Côte le 10 février 1878.
Il met fin à sa carrière après 30 ans de service dans la magistrature et 13 ans dans le notariat, le 29 mars 1879. Il touche alors une pension de 900 francs.
Il décède le 8 septembre 1884 à son domicile, 13 rue Buffon à Dijon.
Son intérêt pour les Arts
Paul Mallard a été membre de plusieurs sociétés :
- Membre des sciences, arts et belles-lettres de Dijon (commission des antiquités)
- Membre des sciences arts et belles-lettres de Besançon et de Franche-Comté (1845-1884)
- Membre de la société d’émulation du Jura à partir de 1840 (section des Beaux-Arts)
- Membre de la société savante d’émulation du Doubs
Paul Mallard a exécuté des dessins dans les ouvrages suivants :
- « Essai sur l’histoire de la Franche-Comté » d’Édouard Cler. (1840-1846), magistrat, créateur du musée archéologique de Besançon.
- « Statistique de l’arrondissement de Dole » (1841) d’Armand Marquiset, chevalier de la Légion d’honneur, sous-préfet à Dole de 1830 à 1842
- « Album dolois » : recueil de 36 lithographies
- « Annuaire du Jura » de Désiré Monnier, historien, archéologue (à partir de 1840)
- « Voyage pittoresque en Bourgogne ou description historique et vues des monuments antiques et du Moyen-Age » dessinés par différents artistes. (Dessins de Côte-d’Or et Saône-et-Loire) 1833-1835
- « Album franc-comtois » publié par M. Guyornaud (1842)
La reconnaissance de ses contemporains
En 1843, la société d’émulation du Jura indiquait : « Homme d’esprit et artiste habile, déjà son crayon a illustré le statistique d’Armand Marquiset et le délicieux kéepseacke dijonnais. » (ou keepsake, livre album que l’on offrait en cadeau, à Noël et au jour de l’an, dans les milieux aisés)
Edouard Cler dans son « essai sur l’histoire de la Franche-Comté » écrivait : « Un honorable confrère, M. Mallard, a bien voulu nous prêter le concours de son crayon suave et pur, le premier de la Franche-Comté pour le paysage. C’est à lui que nous devons le dessin de tous les châteaux qui ornent ce volume. »
Désiré Monnier dans son « Annuaire du Jura » de 1848 ajoutait : « Heureux de l’amitié qui nous unit à notre honorable confrère, M. Paul Mallard, nous la mettons chaque année à contribution : le crayon élégant et gracieux de cet amateur ne nous fait jamais défaut. L’œuvre de M. Mallard continuera donc de nous enrichir, et de venir se montrer en tête de la nôtre. Épris de son art, qui lui vaut déjà beaucoup d’appréciations, il a quitté le notariat pour se livrer exclusivement à la peinture. Plus riche d’avenir, il nous reviendra de Genève et de l’Italie l’année prochaine, et certainement son nom, ne tardera pas à briller parmi les plus fameux de l’école française. »
Paul Mallard, paysagiste et lithographe
En bas, à gauche des dessins, à côté du nom de l’artiste, on observe l’abréviation « del ».
Del est l’abréviation latine de « delineavit » signifiant « a dessiné ».
Le dessin original est donc de l’artiste désigné. On trouve cette abréviation sur les œuvres originales prévues pour la reproduction.
La gravure est ensuite réalisée par un graveur ou un imprimeur (l’imprimerie Guasco Jobard de Dijon par exemple).
Certaines gravures ont été réalisées par Paul Mallard, dans ce cas l’abréviation « lith» se surajoute.
Une œuvre conséquente
Paul Mallard nous a laissé des dessins du Jura, du Doubs, de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire, mais aussi des peintures à l’huile dont Torrent de Montagne, Rivière en forêt, Chemin de forêt, Paysage de montagne… Aujourd’hui le musée Carnavalet à Paris possède deux œuvres de Paul Mallard : Le Pont-Neuf et le quai Conti, peinture à l’huile de 1830 et le plan de l’hôtel Sandreville avant 1604 (encre noire, aquarelle). Le musée de Dijon conserve de lui « Chaumière en ruines à Seurre ».
Aucune œuvre de Paul Mallard n’est présente aujourd’hui dans les musées jurassiens.
Par Laurent Champion (Chevigny )
En 1817, dans l’arsenal de surveillance des métiers du livre apparaît un brevet d’imprimeur-lithographe sans lequel nul ne peut exploiter la lithographie, cette nouvelle technique d’impression, inventée vingt ans plus tôt en Allemagne. Sage précaution qui permet aux régimes successifs d’empêcher que ce procédé rapide et peu cher ne profite à l’estampe politique. La lithographie n’en connaît pas moins un très grand essor, tant elle répond, par la multiplicité de ses utilisations, aux besoins d’un siècle de transformations économiques et sociales profondes.
Bien plus que l’illustration des livres et les publications satiriques, ce sont donc les travaux de ville (papiers à en-tête, faire-part, lettres de voiture….) et la publicité commerciale (affiches, emballages illustrés, étiquettes …), les impressions administratives et judiciaires, les dessins techniques et cartographiques, les décors d’objets (éventails, abat-jours, écrans de cheminée, jouets…) dont la consommation se démocratise, qui, pendant longtemps, font tourner les presses lithographiques.
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