Vieux bois … et nombreuses mares

Du vieux bois… mais qu’est-ce que c’est ?

Une grosse cavité sur une branche, un grand décollement d’écorce, un trou rempli de terreau décomposé au milieu du tronc, de nombreuses branches mortes, une couverture de lierre protectrice… autant de signes qui nous indiquent que nous avons là de vieux arbres, appelés arbres sénescents.

Ces arbres sont peu représentés dans le cycle sylvicole, qui consiste à récolter les arbres encore sains et de dimensions compatibles avec leur valorisation économique. Maintenir du bois mort et de vieux arbres au sein d’une trame de vieux bois vise ainsi à mieux représenter tous les stades de la dynamique naturelle d’évolution d’une forêt, et à assurer une gestion multifonctionnelle de celle-ci, capable ainsi de répondre à la fois aux enjeux économiques et aux enjeux environnementaux.

À qui cela profite-t-il ?

Aux espèces forestières…

Les vieux arbres et le bois mort sont riches en micro-habitats qui sont autant de niches écologiques pour une faune et une flore très variées comme par exemple : • Les invertébrés saproxyliques qui se nourrissent de bois ou dépendent de différents stades de décomposition de celui-ci. C’est notamment le cas du lucane cerf-volant, le plus gros coléoptère d’Europe. • Les champignons, qui sont des acteurs majeurs de la décomposition du bois mort et des litières. • Les oiseaux forestiers, dont près de 40 % sont cavicoles en abritant leur nidification au sein d’une cavité présente dans des arbres de gros diamètre. Citons parmi ces espèces, les pics, capables de creuser eux-mêmes leurs cavités, qui seront ensuite utilisées par d’autres espèces (oiseaux, insectes ou même des chauves-souris). Notons par ailleurs que beaucoup d’oiseaux se nourrissent d’insectes se développant dans le bois mort. • De nombreuses espèces de chauves-souris qui vivent en forêt comme le Murin de Bechstein ou la Barbastelle d’Europe. Une cavité, une fissure ou un simple décollement d’écorce peut servir de gîte à toute une colonie ! 25 % de la biodiversité forestière dépend des arbres moribonds ou morts (sur pied ou au sol), pendant au moins une partie de son cycle de vie.

… mais également aux forestiers

Cette biodiversité forestière occupe une place très importante au sein des écosystèmes forestiers européens en y remplissant différentes fonctions indispensables comme la dispersion des graines, le contrôle des insectes ravageurs, mais aussi et surtout en ayant un rôle dans les processus de dégradation et de recyclage du bois et de la production de l’humus forestier permettant ainsi de maintenir la fertilité des sols.

Le bois mort n’est pas dangereux pour la forêt ! Sa décomposition est assurée par les insectes saproxyliques, qui n’ont rien à voir avec les insectes ravageurs comme le scolyte de l’épicéa. Les premiers se développent à partir des arbres affaiblis ou déjà morts, tandis que les seconds peuvent attaquer les arbres en pleine santé et les faire mourir.

Une trame de vieux bois en cours de constitution

Comment faire pour préserver et favoriser ces espèces ? C’est simple, il ne faut (presque !) rien faire… Dans des forêts destinées à la sylviculture, l’opérateur du site Natura 2000 du massif de la Serre, en lien avec l’ONF peut proposer la préservation de ces précieux ancêtres dans le cadre d’un contrat Natura 2000 de 30 ans (pas de coupe ni d’intervention sur ces arbres pendant cette durée). Les arbres sont protégés soit de façon isolée, soit sous forme d’îlots. L’objectif est ainsi de laisser des habitats naturels évoluer librement, créant ainsi une zone de quiétude pour la faune qu’ils hébergent. Afin de compenser le manque à gagner des propriétaires (privés ou publics) qui auraient pu vendre leur bois, l’État et le FEADER proposent une compensation financière. Aujourd’hui, ce sont près de 28 hectares de forêt qui ont déjà pu bénéficier de la mise en place de contrats îlots d’arbres sénescents au niveau des forêts communales de Montmirey-le-Château, Amange, Gredisans, Menotey, Vriange, Châtenois, et Frasne-les-Meulières.

Des actions à poursuivre

Afin de favoriser le développement, la conservation et le déplacement de ces espèces liées au vieillissement des arbres et des forêts au sein d’une matrice forestière exploitée, il est recommandé d’avoir 2 à 5 % de la surface totale des forêts gérées classée en îlot de sénescence (Gosselin et al., 2006). Dans le massif de la Serre, la part de forêt en îlot Natura 2000 correspond à environ 0,79 % de la surface forestière. L’objectif est ainsi de continuer la contractualisation, que ce soit avec des propriétaires privés ou des communes. N’hésitez pas à prendre contact avec l’opérateur du site Natura 2000 et votre agent ONF afin d’étudier la possibilité de contractualisation sur votre territoire !

De nombreuses mares

Le massif de la Serre est riche d’un grand nombre de mares et points d’eau, permanents ou temporaires qui abri-tent notamment 11 des 15 espèces d’amphibiens présentes en Franche-Comté dont les 4 espèces de tritons de la région. Notons que les anciennes petites sablières artisanales ayant donné naissance à des mares, situées au sommet et au centre de la forêt, présentent un rôle écologique remarquable.

Le saviez-vous ?

En 2018 et 2019, la CAGD, opératrice du site Natura 2000 du massif de la Serre, a missionné l’association Dole Envi-ronnement afin d’effectuer une description des mares déjà connues et d’identifier de nouveaux sites. 10 nou-velles pièces d’eau ont ainsi pu être identifiées, amenant à 21 leur nombre dans le massif de la Serre. Différents types de points d’eau sont présents dans le massif : mare forestière, de prairie, étang ou ornière. Pour chacun de ces milieux, l’état général a été défini ainsi que les menaces et actions de gestion à privilégier (ratissage, curage, mise en exclos, suivi naturaliste, médiation avec le propriétaire…)

La mare est un milieu vivant et dynamique.

Les végétaux qui la peuplent colonisent petit à petit l’ensemble de la mare et tendent à combler cette dernière par l’accumulation de végétaux morts formant la vase. À terme, si rien n’est fait, l’augmentation de vase et de végé-taux fera disparaître la mare et la faune qui lui est associée… Afin de pallier à ce phénomène, des chantiers de res-tauration sont impulsés par l’opérateur Natura 2000.

état de la connaissance des mares au 31/12/2019 état de la connaissance des mares au 31/12/2019

Chantier écovolontaire

Le 3 octobre 2020 un chantier écovolontaire a réuni 11 personnes (petits et grands !) pour la restauration d’une mare sur la commune de Menotey. La Ligue pour la Protection des Oiseaux a été chargée d’encadrer le chantier et a permis de faire bénéficier les participants de son expérience pour ce type de travaux ainsi que de la connaissance des espèces inféodées à ces milieux. Ainsi grâce à la forte implication du maire de la commune, Cyril Millier, une mare forestière a pu bénéficier d’actions de bûcheronnage, enlèvement des branches et d’une partie de la vase afin que cette mare retrouve une profondeur suffisante à la reproduction des amphibiens.

Devant la dynamique du groupe, il a également été possible de créer un réseau de petites pièces d’eau qui per-mettra d’augmenter les possibilités d’accueil pour les amphibiens. Après avoir finalisé le creusement de trois pièces d’eau de configurations variées (notamment en profondeur et forme), Alix Michon, de la Ligue pour la Pro-tection des Oiseaux, explique aux participants la rapide colonisation probable des amphibiens dans ce type de mi-lieux. Retrouvez tous les détails de ce chantier sur le site internet du Grand Dole !

Fiche d’identité du site Natura 2000

  • Nom : Massif de la Serre

  • Transmission du site : décembre 2005

  • Désignation ZPS : 23-03-2018 / Code ZPS : FR 4312021

  • Désignation ZSC : 27-05-2009 /Code ZSC : FR 4301318

  • Validation du DOCOB : 2007 (actualisé le 17 janvier 2012)

  • Superficie : 4 400 ha - Altitudes : de 199 à 390 m

  • Nombre de communes concernées : 18

  • Structure animatrice : Communauté d’Agglomération du Grand Dole

  • Contact animateur : CAGD, Place de l’Europe, BP 89, 39108 DOLE CEDEX - Courriel : environnement@grand-dole.fr - Téléphone : 03 70 58 40 10

  • Président du COPIL : M. DAUNE (maire de Montmirey-le-Château) depuis le 14/10/2020

Adeline FRANZONI Par Adeline FRANZONI - Chargée de mission Natura 2000

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