érigée vers 1260, contemporaine de Notre Dame de Paris
Les dimensions importantes de cette église surprennent au regard de la taille relativement modeste du village qui compte aujourd’hui environ 550 habitants : les Grandmerçois(es).
La raison en est que sous l’ancien régime, « Le Grand Mercey » était le chef-lieu d’une grande paroisse, regroupant 11 communautés villageoises : Rouffange, Romain, Vigearde, Louvatange, Gendrey, le Petit-Mercey, le Bois d’Yombre, Les Granges, Mercey, Cottier, Etrabonne. La paroisse fut démantelée lors de la révolution et les communes nouvellement créées écartelées entre les Départements du Doubs et du Jura.
Elle est l’édifice religieux le plus ancien entre Dole et Besançon, hormis l’abbaye d’Acey.
L’église que l’on peut contempler au centre du village, du moins l’essentiel de sa structure, date du XIIIe siècle. Elle a été érigée vers 1260, sous le règne de St Louis. Elle est donc contemporaine de Notre Dame de Paris. Le style de cet édifice est de caractère néo roman, d’influence cistercienne : nef unique, pierres nues, sobriété intérieure, avec pourtant de remarquables pilastres moulurés, à chapiteaux ornés de feuilles et de bourgeons. Par la suite elle subit de premières transformations : surélévation du clocher d’un étage en 1576 et construction des 2 chapelles en 1621.
La guerre de 10 ans
Mais cette église, comme la plupart des maisons de ce village, n’a pas résisté aux destructions de la guerre de 10 ans qui à partir de 1634 a ravagé la Franche-Comté. Des mercenaires suédois, à la solde du roi de France, sévirent à Mercey-le-Grand comme dans toute la région : maisons brûlées, hommes exécutés, femmes violées et tuées, récoltes ravagées… L’église, seule construction en pierre, fut bombardée : la partie centrale de la nef, le haut du clocher, le chevet et l’une des 2 chapelles furent détruites. La paix revenue, il a fallu reconstruire les parties endommagées. Le pignon Est, derrière le chœur, fut remplacé par une abside de style baroque.
Clocher Comtois
Dans les années 1860, le toit du clocher de forme pyramidale jusque-là, devint un clocher dit comtois ou « à l’impériale » couvert de tuiles vernissées. Puis, en 1959 les lauzes de pierres, qui couvraient la toiture, furent remplacées par des petites tuiles.
Un mobilier remarquable
L’église est inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis 1926. Plusieurs éléments intérieurs sont également répertoriés par la Direction des Affaires culturelles. Tout d’abord le retable datant du XVe siècle qui était le devant de l’autel de l’ancienne église et qui représente le Christ et les douze apôtres. Au-dessus et sur les côtés de celui-ci sont représentés des enfants cueillant des grappes de raisin. Ayant échappé à la destruction de la guerre de 10 ans, il fut encastré dans le mur de la nef lors de la reconstruction de l’église. Viennent ensuite un bénitier de pierre sculpté également au XVe siècle, et 2 statues de bois placées de part et d’autre du chœur, la Vierge et St Jean, datent du XVIIIe siècle.
Enfin, les 2 vitraux du chœur. L’un représente St Martin partageant son manteau, patron de la paroisse, l’autre St Isidore, patron des laboureurs.
Les 2 cloches
La petite cloche, d’un poids de 1150 kg, date de 1773. Elle eut pour marraine Thérèse Pourcheresse, l’épouse du Maître de forges de Fraisans, Baronne d’Étrabonne. Elle était destinée initialement à la chapelle de ce village. Mais les murs de cette chapelle, en mauvais état, n’en auraient pas supporté le poids. Le curé de Mercey de l’époque, l’a alors fait accrocher dans le clocher de sa propre église en attendant les travaux nécessaires à Étrabonne… et oublié de la restituer par la suite. Il est vrai qu’entre temps, la révolution avait traversé le Pays… et les esprits. La plus grosse cloche, en bronze (ou airain) comme sa petite sœur, a été fondue à Morteau en 1864, elle pèse 2000 kg.
Un porche pittoresque
À noter enfin, le porche extérieur. Supportée par une charpente apparente en chêne massif, sa toiture repose sur un bahut de pierre. Il servait autrefois de lieu de réunion abrité pour les chefs de famille de la paroisse, les sages.
Ce lieu où passait la voie romaine a été désigné comme :
Marciaco en 967 ; Marcei au XIIe siècle ; Marceiasco en 1180 ; Merce en 1273 ; Mercey au XIIIe siècle ; Marcey-la-Paroisse en 1614 ; Grand-Mercey au XVIIIe siècle. La commune est dénommée Grand Mercey en 1793 puis Mercey-le-Grand en 1801.
Cette commune du Doubs est rattachée depuis le 1er janvier 2017 à la Communauté de Communes du Val Marnaysien.
Par Christian Demouge (Mercey-le-Grand)
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