Redonner de la vie dans son jardin

Christophe Ramaux, habitant de Montmirey-le-Château, se définit comme un jardinier amateur. En 2015, une vidéo de Philip Forrer : « Le jardin du Graal », lui a donné envie de tester la permaculture. Il nous présente ici la façon dont il a procédé. Mais différentes variantes sont possibles, en fonction du terrain, du climat …

La permaculture repose sur 3 principes : prendre soin de la Terre, prendre soin des Hommes, partager équitablement les ressources.

Appliquée au jardin, elle vise à créer un endroit harmonieux, durable, économe en travail et en énergie et proche d’un écosystème comme dans la forêt : mise en place de 3 étages de végétation, peu ou pas de déplacements pour les matériaux utilisés pour les buttes, organisation du jardin pour optimiser la production, pratique de la culture (associée) biologique, peu ou pas d’arrosage, la terre n’est plus retournée…

Création d’une butte : la préparation

La terre du jardin de Christophe était une terre lourde, argileuse. Il a donc mis en place 7 buttes creusées, de 7 m de long, 1,20 m de large et 0,50m de profondeur, en laissant des allées de 40 cm environ entre chaque butte.

L’étape suivante : le remplissage

Il se fait comme un millefeuille en alternant couche azotée et couche carbonée.

  • Les matières végétales azotées : souvent vertes, molles et humides, comme les tontes de gazon, les jeunes feuilles tendres, les épluchures de fruits et légumes.
  • Les matières végétales carbonées (riches en carbone), souvent brunes, dures et sèches, comme les feuilles mortes, la paille, les brindilles, le carton, le bois.

Au fond de chaque butte, Christophe a déposé des rondins de bois (feuillus) verts de 15 à 20 cm de diamètre en veillant à remplir les vides avec du bois spongieux car très décomposé. À partir de là, les couches carbonées sont constituées de bois mort de plus en plus fin au fur et à mesure que l’on approche de la surface. Chacune de ces couches alterne avec une couche azotée. À chaque « étage » de ce millefeuille il faut arroser copieusement, combler les vides et bien tasser. Les 2 dernières couches : 20 cm de terre végétale suivis d’une couche finale de Bois Raméal Fragmenté (BRF).

La dernière couche

Cette couverture de 5 cm de BRF (mais cela peut être remplacé par autre chose) est constituée de broyat de branches (diamètre 7cm maxi) fabriqué idéalement en automne, mais également en hiver, avant le départ de végétation, et placé aussitôt sur les buttes. En effet, à cette période, le BRF contient de nombreux nutriments sous l’écorce, à l’aisselle des branches, dans les bourgeons. La lignine, biomolécule, présente dans le bois, sera transformée, dégradée par un champignon. Ce sera le départ de nombreuses chaînes alimentaires dont les acteurs apporteront un engrais spécial par leurs déjections. Avec le BRF, l’activité biologique, la faune et les champignons sont très développés. Par souci d’efficacité il est important que les allées soient également couvertes d’un mulch (BRF, paille, foin, herbe…). Ainsi toute la vie souterraine et les plantes sont dans le confort!

Cette dernière couche constitue une réelle protection face à la chaleur ou au froid.

Au final les buttes dépassent de 50 cm le niveau du sol. Chaque automne Christophe enlève le mulch décomposé des allées en le plaçant sur ses buttes puis en remet un nouveau.

Le rôle des champignons

La science a mis en évidence deux rôles fondamentaux joués par les champignons :

  • Ils constituent grâce à leur mycélium un véritable « internet » du sous-sol qui permet aux plantes d’échanger de nombreuses informations entre elles. Par exemple, une tige de haricot, attaquée par un insecte, envoie un message chimique par les racines. Le mycélium des champignons capte l’information et la diffuse alentour. La tige du haricot voisin, informée, fabrique alors une substance qui durcit la cosse d’haricot pour le protéger.
  • Les champignons sont également pourvoyeurs de nourriture, car les plantes ne stockent pas la nourriture. Elle est distribuée dans le réseau souterrain. En moyenne une plante cède 20 % de sa sève élaborée aux réseaux de mycélium des champignons. Le jardin bénéficie donc de la présence d’autres plantes, arbres compris, même très éloignés (du blé cultivé sous un chêne est constitué de 4 % de sucres issus du chêne).

Des plantes relais (ronce, aubépine, noisetier, sureau, lierre) permettent d’interconnecter ces réseaux souterrains.

En savoir + > http://www.permacultureetc.com/

Le jardin du Graal, Philip Forrer : https://www.youtube.com/watch?v=0jk0h1laL-0

Laurent Champion Par Laurent Champion, Chevigny

lire

Cliquez sur l’image pour découvrir le texte publié dans le bulletin 49 !