Besoins en baisse, nuisances et dangers constants

Atteinte à l’environnement, à la qualité de vie, au paysage et au tourisme

Face à la prolongation de l’exploitation de la carrière de Moissey, en plein cœur d’un site naturel classé Natura 2000, l’association « Sauvons le Massif de la Serre » (SMS) se mobilise depuis 2015 pour informer la population, protéger l’environnement et la qualité de vie des riverains.

Des nuisances et une destruction de l’environnement payées au juste prix ?

La transparence sur la production est essentielle. Lors de l’exploitation précédente, le cabinet de géomètre ABCD avait mis en évidence une extraction supérieure aux autorisations préfectorales d’environ 28 %, soit l’équivalent de 73 810 m3 ! L’association SMS avait alors alerté la commune d’Offlanges d’un potentiel manque à gagner d’environ 70 000 €. Les doutes exprimés sur l’ancienne exploitation avaient conduit l’État à renforcer les exigences du suivi dans le nouvel arrêté préfectoral. La société des carrières de Moissey était, réglementairement et avant de débuter l’exploitation, tenue de faire un état des lieux de l’existant, puis annuellement : relevés du volume de roche en place, des stocks…

Après visites d’inspections et deux ans d’échanges avec le carrier sur ce sujet, l’État a constaté des manquements à ces obligations, manquements qui « limitent les possibilités de contrôle des quantités de matériaux extraits, traités, commercialisés ou utilisés dans le cadre de la remise en état du site, à hauteur de plusieurs milliers de m3 » (AP 2019-19 DREAL du 21/05/2019). L’Etat a donc infligé à la Société des Carrières de Moissey en 2019, une amende administrative de 15 000 euros et a engagé des poursuites pénales pour ce délit (cf. Visite d’inspection du 5 avril 2019). Les rapports d’inspection annuels de la DREAL font par ailleurs état de points de non-conformité qui à ce jour ne sont pas tous encore soldés.

Une roche située trop profondément

Le gisement exploitable est situé sous une énorme quantité de matériaux « stériles » qui doivent être déplacés avant d’atteindre le gisement. Les riverains en payent aujourd’hui le prix par des nuisances supplémentaires et une destruction du paysage. Le « décapage » dure depuis de longs mois durant lesquels, tronçonneuses, pelleteuses, camions, explosions et brise-roches viennent peu à peu à bout d’un volume énorme à déplacer, avant même d’atteindre la roche exploitable.

Une destruction de l’environnement qui remplit les stocks…

Lors de l’enquête publique, SMS avait émis des doutes sur les besoins en granulat de la région et donc sur l’utilité publique d’autoriser l’exploitation. L’argumentaire portait sur une diminution des besoins (pas de grands chantiers routiers dans la région, réduction des budgets des collectivités), et sur la place alternative grandissante des matériaux recyclés. Les faits semblent leur donner raison puisque la production de la carrière (150 000 tonnes en 2019) est bien inférieure aux plafonds autorisés (230 000 à 280 000 tonnes) et les stocks de granulats extraits s’accumulent. Fallait-il vraiment autoriser une exploitation sous couvert « d’utilité publique régionale » alors que les besoins en granulats semblent diminuer de manière drastique ? Le cas de Moissey n’est pas isolé (cf. la carrière de Lepuix-Gy dans le territoire de Belfort). Cette question amène à reconsidérer les modes d’évaluation des besoins par l’État et à une vigilance quant aux destinations réelles des agrégats.

Danger mortel pour les promeneurs

Le chemin qui longe la carrière sur la commune d’Offlanges se situe dans le périmètre de la carrière. Il n’est pas clos et présente des risques mortels lors des explosions. L’annonce des tirs est affichée en mairie.

SMS avance confiante

Petit à petit le travail de l’association porte ses fruits et des avancées sont palpables. La prochaine étape sera de dialoguer avec la future équipe municipale d’Offlanges. SMS espère trouver un interlocuteur à l’écoute, soucieux des intérêts des habitants et du tourisme qu’offre le massif de la Serre, dans le respect des règles en vigueur et des activités locales tant écologiques qu’économiques. Finalement SMS reste vigilante pour l’étape 2026 et pour contrer les projets déments du carrier qui a toujours à l’esprit de couper le massif de la Serre en deux !

Lors de la dernière commission de suivi, le carrier, pour des raisons d’économies, a demandé la suppression de la pause méridienne. SMS s’y oppose car les horaires de l’exploitation avaient, lors de l’enquête publique, fait l’objet de larges consultations et de difficiles négociations. Le conseil municipal d’Offlanges s’est aussi exprimé contre cette demande.

En savoir + > http://sauvons-la-serre.e-monsite.com/

Ludivine Gérardin Par Ludivine Gérardin (Offlanges)

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