A la découverte du patrimoine communal …
Les premières mentions d’une occupation apparaissent vers le XIIème siècle : Mutigney est cité pour la première fois dans les chartes de fondation de l’abbaye d’Acey et en 1257 dans un acte de Guillaume, seigneur de Pesmes, sous le nom de Montignyles- Pesmes. Crée le long de la voie antique qui reliait la Séquanie aux régions de l’ancienne Bourgogne, Mutigney formait au moyen-âge une seigneurerie en basse et moyenne justice mais dépendait de la baronnie de Pesmes pour la haute justice.
Un château Monument Historique
Le château qui date de 1450 appartenait à la famille de Vaudrey. Acheté par Etienne Le Moyne, conseiller au parlement de Dole en 1530, il restera dans cette famille jusqu’en 1766 lorsque François- Marie D’Agay, avocat général au parlement de Besançon, en devient le nouveau propriétaire. Au XIXème siècle, il sera habité par Anne-Nicolas-Camille- Eustache Guillaumeau, marquis de Saint Souplet. La famille Boiteux en devint propriétaire au début du XXème siècle. Le château de Mutigney fut maintes fois modifié, mais il a néanmoins conservé son aspect d’ancienne forteresse, notamment avec ses tours imposantes qui dominent la vallée de l’Ognon. Il comporte au nord un corps principal flanqué de deux tours rondes érigées sur une terrasse, une tour octogonale dans le mur sud, six cheminées gothiques subsistent encore dans le corps de logis. Un second corps avec deux tours carrées lui fait face au sud, délimitant une cour intérieure. Façades, toitures et cheminées font l’objet d’une inscription à l’inventaire des Monuments Historiques par arrêté du 22 juillet 1971.
Coup de jeune pour les fontaines
Cet été, la municipalité a fait réaliser des travaux de nettoyage sur les deux fontaines du village inscrites au titre des Monuments Historiques depuis octobre 1979. Le décapage écologique par aérogommage - un sablage par projection de déchets de verre broyé par une aérogommeuse - a été réalisé par l’entreprise Tonnaire d’Andelot en Montagne.
aux confins de la Haute-Saône et de la Côte d’Or
Le lavoir dit de “la Platrière”, fontaine du 18ème flanquée de trois bassins, peut nous faire penser aux oeuvres de Claude Nicolas Ledoux. Les piédroits sont constitués en alternance de pierres nues et de blocs légèrement saillants comme à la Saline royale d’Arc-et-Senans. Aussi, les deux ouvertures en demi-lune sont des éléments décoratifs que l’on retrouve dans la grotte à l’entrée de la Saline. Ce rapprochement avec Claude Nicolas Ledoux est d’autant plus plausible que l’architecte travaillait à Besançon lorsque François Marie d’Agay, le seigneur de Mutigney, était avocat général au parlement de Besançon. On trouve dans cette fontaine la présence du puits-réservoir, du lavoir et de l’abreuvoir. Au début du XIXème, les deux premiers bassins étaient abrités par des murs de briques sur trois côtés, et recouverts d’une toiture.
Le pont des forges
L’histoire de Mutigney est aussi liée à celle des forges de Pesmes. Du minerai de fer était extrait à Mutigney et bon nombre d’habitants allaient y travailler. Le dernier haut fourneau s’est éteint en 1875. La commune comptait 500 habitants au milieu du XIXème. Les ouvriers de Mutigney utilisaient quotidiennement ce pont pour aller travailler aux forges.
Le tacot passait à Mutigney
Le chemin de fer vicinal Dole-Pesmes- Gray fut ouvert le 5 décembre 1901 et fermé le 31 décembre 1933. Il desservait Mutigney à raison de trois trains par jour. Un pont métallique enjambait l’Ognon, entre Mutigney et Pesmes. Aujourd’hui, seules les piles du pont sont encore là pour témoigner de ce passé.
Les camemberts de Mutigney
Les anciens se souviennent encore de la fromagerie artisanale Poncelin qui a fabriqué des camemberts, des années 30 jusqu’en 1965, sous les marques Poncelin et Marquis de Saint-Souplet.
La plaque de Tutillus
Cette plaque, brisée en trois fragments, a été retrouvée de façon fortuite en décembre 2000 sur l’emplacement d’une voie antique, le long d’une route de la commune, au hameau de Chassey. Elle a ensuite été restaurée au musée d’archéologie du Jura à Lons. Cette plaque de bronze était recouverte à l’origine d’une fine feuille d’argent. Elle date de la fin du II ème siècle. L’inscription, intégralement conservée sur quatre lignes, met en valeur des lettres élégantes très régulières, témoignant de l’importance de cette pièce. La plaque de Titullus est une dédicace du grand prêtre du culte impérial dont le surnom Tutillus est d’origine gauloise. Elle était située à l’intérieur d’un temple. La dédicace mentionne un prix de 48 000 sesterces, ce qui représente une somme colossale pour l’époque. Espérons quelle puisse un jour être exposée au grand public … Et pourquoi pas une copie de retour dans la commune ?
Mutigney et Chassey, bientôt 200 ans de vie commune
C’est en effet en 1823, que la commune de Chassey peuplée de 160 habitants fusionne avec celle de Mutigney, permettant de constituer un village de quelques 500 habitants. Une fusion imposée : malgré la création en 1897 d’un cimetière à Mutigney, Chassey a souhaité posséder le sien, inauguré en 1903 ! Après la guerre de 1914-1918, des monuments ont été érigés dans toutes les communes et une nouvelle fois, le hameau de Chassey a souhaité rendre hommage à ses morts.
La chapelle de Chassey
Dédiée à Saint-Michel, son origine remonterait au XVème siècle … Elle a été restaurée en 2008, puis en 2017 et en 2019. Ont été réalisés : démontage du faux plafond, pose d’un nouveau plafond en bois, rénovation électrique, nettoyage des dalles, reprise de la porte, habillage des pierres intérieures, habillage du clocheton et de la charpente avec une trappe en plexiglas, enduit des murs à la chaux, rénovation du confessionnal. La commune a obtenu des subventions du département et du diocèse. La chapelle héberge notamment un tableau du 17ème siècle représentant Saint Michel terrassant le dragon qui revêt la forme d’un dragon ailé, tableau inscrit au titre des Monuments historiques le 31 mars 2011.
Restauration réussie
Il s’agit d’une huile sur toile avec cadre en bois polychromé. Devant l’état de dégradation, la commune a décidé sa restauration en 2017. La composition peinte s’inspire du chef d’oeuvre de Guido Reni peint en 1635 pour l’église romaine de Santa Maria della Concezione dei Capucini qui fut largement diffusée par l’estampe. La copie de Mutigney s’avère de qualité : les drapés de Saint Michel sont souples et se déploient avec naturel. La même source bolonaise est adaptée dans la copie d’époque analogue, accrochée dans l’église de Frasne-les-Meulières. Le tableau offre une illustration assez savoureuse de la chute du démon avec un démon assez typique d’une imagerie populaire, aux traits accentués pour symboliser la fourberie et le vice. Le thème de Saint Michel combattant le dragon de l’Apocalypse devint le symbole de l’Église catholique en lutte contre l’hérésie protestante, ce qui explique à partir du XVIIème siècle les nombreux sanctuaires dédiés à ce saint.
Par Laurent Champion (Chevigny )
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