Un voyage à la rencontre des Séquanes …

Qu’un léger gazon vous recouvre, que la voûte du tombeau protège vos cendres qui y sont calcinées (Parentales X). Cette phrase d’Ausone, poète du IVème siècle, introduit parfaitement la question de la signalisation et de la protection des tombes dans l’Antiquité romaine. De la simple sépulture gazonnée aux majestueux mausolées, ces tombes doivent protéger pour l’éternité les défunts. Pour cela, aussi modeste soit sa signalisation, cette dernière devait être visible afin d’être vue et commémorée.

200 sites funéraires antiques recensés en Franche-Comté

Le territoire franc-comtois correspond à peu près aux limites de la Séquanie. Seuls 48 des 200 sites funéraires recensés ont livré des vestiges de signalisations : 37 de la petite sculpture funéraire, 9 des blocs d’architecture de mausolées et seulement 2 des indices de marqueurs en matériaux périssables, terre et / ou bois. C’est peu au regard des 2 000 sites d’occupations Séquanes actuellement inventoriés.

La protection tombale : un vestige rare à protéger

Force est donc de constater, que la majorité des tombes découvertes n’a livré aucune trace de protection externe, ce qui ne signifie pas qu’aucune signalisation ne marquait ces sépultures. Le caractère périssable de certaines protections, les travaux agricoles, la récupération des matériaux sont certai- nement la cause de cette absence. Néanmoins, il est clair que toutes ces sépultures n’ont pas été marquées par d’imposantes structures durables en pierre de type mausolée plutôt destinées aux tombes des classes aisées des villes (Besançon, Mandeure…) ou des campagnes (Chavéria, Poligny…). Les tombes des plus modestes inscrites au sol par une simple signalisation de terre, de terre cuite ou de bois sont donc plus difficiles à appréhender. En ce qui concerne la sculpture funéraire, seuls deux types de marqueurs sculptés ont pu être mis clairement pour notre région : l’autel et la stèle.

Les stèles du Jura

Sur les 19 exemplaires inventoriés dans le Jura, seuls 10 nous sont parvenus (Menotey, Dole, Tavaux, Champsdivers, Goux…). Ils proviennent principalement du Finage dolois. Leurs caractéristiques sont relativement similaires : datation comprise entre le IIème et le IIIème siècle, calcaire local, terminaison en fronton triangulaire, représentation du défunt en buste, présence du D. M. (Diis Manibus : aux Dieux Mânes) et du croissant lunaire, illustrant une croyance dans un au-delà sidéral. Cette unité de style et de matériaux semble indiquer un atelier commun ou des influences communes qui diffèrent du style rencontré dans le Doubs et la Haute-Saône.

Des artisans et des commerçants

Si l’usage des stèles n’est pas toujours lié à un phénomène urbain, il est très souvent lié à une zone d’intense activité commerciale et donc à une zone fortement romanisée. Les défunts représentés sur les stèles sont souvent des personnes parvenues à une certaine aisance financière et/ou détenteurs d’une certaine culture romaine, comme l’indiquent les symboles que sont la bourse (Luxeuil, Corre.), le coffret de tablettes ou le volumen (Luxeuil et Corre) et les vases ou gobelets et la mappa (serviette à frange) attributs du banquet funéraire ou l’ascia symbole funéraire romain. Très souvent, ils sont liés au monde du commerce et de l’artisanat comme le suggère la représentation de certains outils : charretiers, cordonniers, menuisiers ou charrons, bûcherons ou sabotiers. Cette population de commerçants et d’artisans est très bien illustrée pour notre région par de nombreux sites de production : verriers, tuiliers, céramistes, salaisons … mais aussi par les textes et l’épigraphie antiques (négociants en textile…).

Menotey retrouve ses stèles

Le souvenir reste sur le lieu de la découverte. Une communication archéologique aux habitants a été réalisée le 22 février 2019, une animation reste à effectuer sur site pour les enfants des écoles du secteur …

Lydie Joan par Lydie Joan,

Inrap, UMR 6298 Artehis Bourgogne

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