Luthière, histoire d’une passion

Un parcours sans fausse note

Olga à neuf ans, presque naturellement, prend le chemin du conservatoire et commence les cours de violon. Elle ne sait pas encore où cela peut l’emmener, mais ce qu’elle sait, c’est qu’elle est née au sein d’une famille de musiciens - ses parents facteurs d’orgue sont installés à Frasne-les-Meulières - et qu’elle adore bricoler et travailler le bois. A dix huit ans, elle découvre et se prend de passion pour la contrebasse. Elle aime le contact avec cet instrument, son rôle d’accompagnement, à l’arrière soit, mais si utile. Le déclic vers la lutherie et le métier de luthière va s’opérer à ce moment-là. Pas suffisamment sûre de sa vocation, elle va après un bac littéraire d’abord s’inscrire à l’université en sciences du langage. Mais le besoin de travailler manuellement devient primordial. En vue d’intégrer une école de lutherie, elle passera en un an un brevet des métiers d’art en ébénisterie. Frustrée par l’omniprésence des machines et les lignes trop droites des meubles, elle s’intéresse davantage aux outils à main. Et s’autorise enfin à intégrer une école de lutherie.

En formation : une passion grandissante

Un choix reste à faire entre deux écoles. Retenue à l’École Nationale de lutherie de Mirecourt dans les Vosges mais aussi à l’École Britannique internationale de lutherie de Newark, elle choisit de partir pour l’Angleterre, près de Nottingham, parce que là-bas on l’autorisera, pour valider son diplôme après 4 ans de formation, à fabriquer une contrebasse : son rêve ! Une formation qui la réjouit, elles’épanouit autant en cours, qu’en ateliers de pratique et en stages qu’elle réalise auprès de luthiers de renom. Entre autres à Dole, chez Annette Osann (fabrication de Nyckelharpa, instrument à corde suédois), à Saint-Etienne chez Patrick Charton (luthier contrebasse), deux ateliers où elle sera après son diplôme quelques temps salariée.

Choix et respect des matériaux

Avec sa première commande : un violon, en 2014, elle crée son autoentreprise d’abord en sous-traitance auprès de ses maîtres de stage, et prend son envol avec la fabrication de son deuxième instrument une viole de Gambe. Elle acquiert peu à peu une certaine reconnaissance notamment et surtout par le bouche à oreille. Elle taille, elle dégrossit, elle ébauche, elle sculpte, une tête de lion venant ainsi orner un dessus de viole. Tout de bois vêtus, pour leur construction, les instruments obligent à des choix écologiques, le choix du fabriquant de bois de lutherie s’est orienté comme une évidence vers un producteur du Haut-Doubs, Bernard Michaud à Fertans (proche de la vallée de la Loue). Des épicéas de résonance et des érables ondés, débités spécialement pour la lutherie sont alors sa principale matière première. L’érable pour la caisse, le chevalet et le manche mais aussi du saule, du peuplier ou du noyer et l’épicéa plus tendre pour la table. Mais ce sont surtout les sonorités recherchées qui vont définir les essences employées. Les chevilles sont en buis et l’âme à l’intérieur de

Une priorité pour Olga : le choix et le respect des matériaux

l’instrument sera en épicéa, c’est ce petit cylindre de bois qui donnera, entre autre, du caractère au son. Dans une démarche éthique, elle essaie toujours d’utiliser des bois locaux. Quand il faut trouver par exemple, pour la touche, une alternative à l’ébène - bois rare, à l’utilisation controversée -, elle utilise l’érable ou des fruitiers comme du prunier ou encore du buis, et, la colle à base d’os d’animal est réversible car elle peut se décoller facilement si besoin. Puis les instruments seront recouverts de vernis à l’huile ou à l’alcool avec parfois des pigments naturels comme le safran pour leur donner une teinte originale et personnalisée.

Aujourd’hui une luthière rayonnante et une musicienne accomplie

C’est donc à Moissey que l’on trouve désormais Olga dans son atelier, installé dans une ancienne dépendance de l’hôtel Dieu de Dole. Elle priorise à partir de plans, la fabrication d’instruments anciens et renaissances comme la viole de Gambe, le violon et le violoncelle baroque. Depuis deux ans, elle se lance dans la location de violons, violoncelles et contrebasses, à partir d’instruments d’occasion qu’elle restaure en fonction des besoins et des clients. Clients novices ou exigeants auprès desquels elle sait être à l’écoute. Après échanges avec les musiciens et en fonction de leurs attentes et du son recherché mais aussi en fonction de la morphologie de la personne, elle va choisir les matériaux et adapter l’instrument. Elle fréquente le milieu baroque en prenant des cours de violon baroque à Besançon. Ce réseau va la mettre en relation avec des clients potentiels et les commandes arrivent peu à peu. Il est important pour Olga de rencontrer d’autres musiciens et de jouer avec de petits ensembles. Elle accompagne depuis peu une accordéoniste et une chanteuse guitariste (chanson française). Avec des amis, Léo, Guenièvre, Adrien et Christian, un groupe de musique d’Amérique Latine commence à prendre forme entre percussions, guitare, violon, contrebasse, accordéon et chant. Ils se produisent dans les fêtes locales, ils attendent les demandes pour investir la scène. Sans jamais se décourager, Olga au quotidien fabrique, restaure et entretient avec passion, amour et délicatesse.

En savoir + > https://olgalondelutherie.wordpress.com

11 rue de Dole 39290 Moissey / Tel : 06.08.67.69.56 / mail : olga.londe@live.fr

Claire Chantefoin Par Claire Chantefoin (Sermange)

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