face au réchauffement climatique

La restauration des milieux aquatiques dans leur fonctionnement naturel est très clairement à l’ordre du jour …

L’ONF vient de restaurer une immense zone humide au coeur de la forêt de Chaux, détruite il n’y a pas pas si longtemps pour faciliter l’exploitation forestière. La forêt de Chaux abrite 460 km de cours d’eau et seulement 88 km de ce chevelu aquatique avaient un caractère permanent depuis les travaux menés dans les années 50 et 60 par l’agronome Georges Plaisance. Pour repeupler cette vaste étendue de 22 000 ha, dont 13 000 ha de forêt domaniale, malmenée durant des siècles par l’industrie des forges, des verreries ou les charbonniers … l’ingénieur avait réalisé d’importants travaux de drainage, rectifiant au cordeau plus de 150 ruisseaux autour d’un chenal collecteur pour obtenir un sol plus favorable à l’exploitation forestière. Avec pour conséquence d’accélérer le passage de l’eau et de diminuer considérablement les capacités de rétention d’un sol déjà pauvre, peu profond, supporté par un socle imperméable. Et d’accélérer ainsi son érosion.

Principalement financés par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse (1,3 million d’euros), l’Office national des forêts (470 000 euros) et l’université de Franche-Comté (35 000 euros), les travaux portant sur près de 45 km de cours d’eau qui ont été reméandrés (multipliant ainsi leur longueur par 2,5 afin de réduire la vitesse d’écoulement par tout un système de bouchons et d’embâcles et d’améliorer la recharge en sédiments des sols) ont permis en une dizaine d’années de restaurer 2 700 ha d’une précieuse zone humide qui, dans les décennies à venir, permettra d’atténuer l’impact du réchauffement climatique, de constituer une véritable réserve d’eau pour l’aval et d’améliorer très sensiblement la biodiversité de la forêt. Le 5 février 2019, les méthodes de restauration et les résultats de suivis scientifiques sur les sols et la faune aquatique ont été présentés à l’occasion d’une journée technique et scientifique, organisée en forêt et aux Forges de Fraisans par l’agence du Jura de l’Office national des forêts, associée à l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse et au laboratoire Chrono-Environnement de l’université de Franche-Comté. Des projets de restauration de cours d’eau et d’effacement d’étangs, menés dans la vallée de la Loue, en Côte-d’Or et en Moselle ont aussi été exposés. Ces présentations ont suscité des échanges particulièrement riches. L’eau est désormais un sujet essentiel pour les années à venir.

Même si ce type de travaux semble ne rien apporter à l’exploitation de la deuxième forêt de feuillus de France, à part des complications (aménager les routes forestières pour permettre le passage des engins , réorganisations du travail, …) les études scientifiques démontrent leur efficacité avec une remontée de la nappe d’eau qui permet, entre autres, une augmentation importante de la biodiversité d’insectes et de batraciens et une meilleure résistance à la sécheresse pour les arbres. Parce que la nappe sous la forêt de Chaux est en lien étroit avec celles des rivières voisines, Loue et Doubs, ces effets positifs devraient se ressentir également en aval. Un aval où la poursuite de tels travaux, particulièrement coûteux, posera probablement problème si les collectivités concernées n’empoignent pas le sujet avec enthousiasme, ou pour le moins le sens de leur responsabilité pour l’avenir. « Car on n’a pas encore attaqué le principal », suggère M. Delannoy, directeur départemental de l’ONF.