Réservoir de Biodiversité
La mare Moussue est la plus emblématique et la plus grande des huit mares situées dans le Bois de la Dame, toutes propriétés de la commune de Peintre.
Cette mare est connue de tous les habitants, depuis plusieurs générations. On en trouve trace dans le cadastre napoléonien de 1824 et dans un extrait de 1917 des Mémoires de la société d’Emulation du Jura intitulé « Les Mardelles de la région de Dole » de Julien Feuvrier. Hélas, elle a été oubliée sur la carte IGN ! Elle s’étend originellement sur 4 700 m2.
Une forte biodiversité pour une faible surface …
Dès 2015, la volonté de la commune a été de réaliser des travaux simples afin de redonner une hauteur d’eau intéressante pour la faune sur 1/3 de la surface, soit environ 1 500 m2, tout en conservant un intérêt paysager. La maitrise d’ouvrage a été confiée à l’ONF. Les travaux ont été réalisés en octobre 2016 afin de ne pas compromettre le développement des espèces inféodées au milieu, ni leur reproduction. Cela a permis aussi à la mare de se remettre en eau avec les précipitations hivernales. Une végétation rivulaire comprenant des essences adaptées (frênes, saules, aulnes …) a été conservée et préservée. Un terrassement généralisé a permis de curer les zones d’accumulation de vase sans percer la couche imperméable du fond, créant des zones de plus grande profondeur d’eau et aménageant des zones de haut fond. Il s’agissait aussi de remettre en forme les berges en pente douce côté nord permettant aux petits animaux d’accéder pour s’abreuver et de ressortir de la mare. La mare abrite une vie sauvage aquatique très particulière. Des amas de bois et de souches intéressantes pour l’habitat de la petite faune ont été fixés au bord des berges. Certaines souches d’arbres ont été évacuées de l’emprise de la mare. Une partie des touradons formations végétales de 40 à 60 cm de haut composées de plantes annuelles qui repoussent sur leurs anciennes racines et feuilles mortes en décomposition - a été terrassée et une autre partie conservée.‘‘ Milieux à forts enjeux écologiques et paysagers, les mares sont devenues des zones refuges pour beaucoup d’espèces menacées ’’
La mare Moussue aujourd’hui
Ces opérations de restauration ont permis d’avoir aujourd’hui un fond varié, proposant un habitat diversifié avec des hauteurs d’eau différentes. En période de hautes eaux, un écoulement sort de la mare même s’il n’y a aucun écoulement direct vers un cours d’eau car celle-ci n’est en effet pas connectée à un quelconque réseau hydrographique. Depuis deux ans, la végétation naturelle a repoussé. Le chemin autour de la mare est nettoyé pour permettre au public d’accéder et il constitue ainsi un lieu de promenade apprécié de tous.
Une mare, à quoi ça sert ?
Moins indispensables à la vie quotidienne depuis l’arrivée de l’eau courante dans les campagnes, les mares d’aujourd’hui présentent encore de nombreux intérêts
1/ Assurer le développement de la biodiversité : entre la terre et l’eau, les mares voient le développement d’une multitude d’espèces animales et végétales. Elles abritent 15% des espèces protégées et le tiers des plantes dites « patrimoniales ». Site de reproduction privilégié pour les grenouilles, lieu d’habitat pour les libellules, par exemple, elles facilitent la circulation et les échanges entre divers écosystèmes.
2/ Préserver la qualité de l’eau : les zones humides épurent naturellement les eaux qui ruissellent sur les sols et se chargent de pollutions. En retenant les matières en suspension, en fixant les métaux lourds, et en consommant certains toxiques, elles opèrent comme un filtre. Les mares améliorent la qualité de l’eau avant que celle-ci n’atteigne les nappes phréatiques, un rôle aujourd’hui primordial.
3/ Réduire les impacts des inondations : lorsqu’une rivière déborde de son lit, si elle est entourée de zones humides et marécageuses, les conséquences de l’inondation sont mieux maîtrisées. L’urbanisation a trop souvent, hélas, réduit ces zones d’expansion des crues.
4/ Eduquer à l’environnement : les mares ont un intérêt socio-culturel, elles permettent d’agrémenter les paysages, elles sont aussi le terrain idéal permettant aux jeunes générations de découvrir le vivant.
Par Laurent Champion, Chevigny
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