Compteurs communicants : Linky arrive dans le Jura
Sur les 39 millions de compteurs prévus d’ici la fin 2024, 13,7 millions ont été installés depuis fin 2015. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Non, évidemment.
Le rythme de pose s’intensifie atteignant les 30 000 compteurs par jour.Néanmoins la discorde se poursuit chez des élus locaux plus ou moins favorables, prenant parfois des arrêtés anti-Linky et tiraillés entre la nécessité d’écouter les réticences des habitants et celle de faire preuve de pédagogie.
Des villes comme Brest, Dijon, Lorient, Lyon ou Reims sont déjà entièrement équipées. À Menotey, plusieurs habitants refusent l’installation de Linky et le font savoir aux élus de la commune. Le conseil municipal de Frasnes-les-Meulières a pris le 19 octobre, à l’unanimité, une délibération refusant le déclassement des anciens compteurs et interdisant leur remplacement par les compteurs communicants Linky. À Jouhe (et ailleurs) les habitants se mobilisent aussi …
Coûteux, compliqué … utile ?
Décrié par de nombreuses communes et particuliers, Linky, le compteur d’EDF, est largement critiqué par la Cour des comptes dans son rapport annuel publié mercredi 7 février. “Les gains que les compteurs intelligents peuvent apporter aux consommateurs sont insuffisants”, estiment les sages qui se sont penchés sur ce dispositif déployé en France depuis 2010. Ils estiment qu’il est très coûteux pour les consommateurs et qu’ils n’en voient pas assez les bénéfices. L’installation de 39 millions de compteurs connectés Linky en France d’ici 2024 nécessite un investissement de 5,7 milliards d’euros. La Cour estime que le coût est peut-être avantageux pour Enedis - la filiale d’EDF qui déploie ces compteurs -, mais rappelle que le financement de 130 euros par appareil est “assuré par les usagers”. Enedis prétend que l’installation est gratuite, c’est faux. En fait, la Commission de Régulation de l’Énergie a prévu que le coût de l’installation du Linky qui atteindra plus vraisemblablement les 10 milliards d’euros, serait répercuté progressivement sur les factures des usagers.
Difficile à apprivoiser
la Cour des comptes estime que " le système n’apportera pas les bénéfices annoncés " pour " la maîtrise de la demande d’énergie “. En effet, ces compteurs sont censés rendre plus lisible la consommation électrique du foyer pour que le client puisse faire des économies de facture. Or, dans les faits, c’est un véritable parcours du combattant pour avoir des informations simples. Elle reproche aussi un défaut de pilotage de la part de l’État, avec une prise en compte trop tardive des inquiétudes des consommateurs en matière de risque sanitaire et de préservation des données personnelles.
Liberté de choix ?
L’installation serait non négociable pour les particuliers et les collectivités. Enedis affirme que “ la commune (…) ou encore l’usager n’ont pas la possibilité de s’opposer au déploiement de Linky. ” Dans les faits, il y a clairement abus de position parce que ni la loi du 17 août 2015, retranscrite dans l’article L.341-4 du code de l’énergie, ni le décret du 30 décembre 2015 n’oblige les consommateurs à installer le dispositif. Si Enedis se retranche souvent derrière la directive cadre européenne, la commission européenne confirme de son côté que “ En ce qui concerne la portée et l’exhaustivité de l’évaluation économique du déploiement des compteurs intelligents en France effectuée (…) les Étals membres ont toute latitude pour statuer sur ces questions. Il s’agit par exemple des scénarios envisageables, à savoir le caractère obligatoire ou facultatif du déploiement sur leur territoire, le remplacement éventuel des compteurs existants, ou la possibilité pour les consommateurs de ne pas adhérer au système, ou de le taire plus tard. ”. Le consommateur devrait avoir le droit de choisir s’il souhaite avoir le nouveau compteur connecté ou non.Le conseil municipal de Frasnes-les-Meulières a pris le 19 octobre, à l'unanimité, une délibération refusant le déclassement des anciens compteurs et interdisant leur remplacement par les compteurs communiquants Linky
Un espion sous mon toit ?
Opérant parfois en l’absence de l’usager, ou contre sa volonté, les techniciens ne transmettent aucune information, alors que pour la Commission Nationale de l’informatique et des Libertés le consentement de l’usager est nécessaire pour la collecte des données qui constitueront ensuite la courbe de charge (consommation transcrite en temps réel avec appel de puissance). Ceux qui auront accès à ces données sauront tout sur les habitudes de consommation des usagers… pour leur proposer de nouveaux services payants ?
Risque sanitaire ?
Parce qu’il utilise la technologie du Courant porteur en ligne, Linky produit un champ électromagnétique à basse fréquence qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur la santé. Selon le dernier rapport de l’Agence de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), même si les durées d’exposition sont plus longues que prévu, il n’existe qu’une “ très faible probabilité que cette exposition […] puisse engendrer des effets sanitaires à court ou long terme ”. Pour Christophe Salini, physicien spécialiste des champs électromagnétiques : “ les câbles de nos installations électriques n’ont pas été prévus pour transporter des signaux de fréquences aussi élevées. Parcourus par les CPL, les signaux rayonnent, ce qui augmente encore un peu plus notre exposition aux ondes. Nous manquons de recul concernant les effets sur le long terme des champs électromagnétiques CPL. On ne connaît pas non plus les effets du cocktail d’ondes auxquelles nous sommes exposés en permanence. Enedis aurait pu brancher Linky directement sur le réseau téléphonique ou la fibre optique, deux technologies sans onde radiofréquence, respectant ainsi le principe de sobriété en matière d’exposition aux ondes électromagnétiques introduit par la loi Abeille en 2015. ” En l’absence de “consensus scientifique” des personnalités telles Corinne Lepage et plusieurs associations demandent l’arrêt complet des installations du nouveau compteur Enedis au nom du principe de précaution.
Des problèmes techniques ?
La répétition des impulsions radiatives à fréquence élevée pourrait provoquer une détérioration plus rapide des appareils électroménagers et des disjonctions fréquentes, obligeant à opter pour une puissance installée supérieure … Par ailleurs, plusieurs incendies se sont déclarés après l’installation des nouveaux compteurs : suite à une installation non conforme ?
Par Pascal Blain, président de Serre Vivante
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