Minimiser l’impact des activités humaines sur l’environnement

Sur la planète, certains politiciens ne croient pas au changement climatique. La biodiversité, elle, si !

Les données récoltées ces dernières décennies sont très claires : les espèces changent d’ère de distribution, elles “ suivent leur climat ”. Leur phénologie évolue : les végétaux bourgeonnent hors saison, les animaux migrent ou hibernent plus tôt… Les espèces à sang froid, étant plus stimulées par temps chaud, se reproduisent davantage. Les écologues constatent des migrations invasives, favorisées par les hivers doux, telles que celles de la pyrale du buis, un papillon, ou de la chenille processionnaire du pin. Les espèces locales souffrent à la fois du changement climatique et de ces invasions.

Évaluer l’ampleur des changements

De nombreux modèles mathématiques existent pour mesurer les conséquences du changement climatique induit par l’homme, mais les méthodes n’ont pas toutes la même échelle géographique ou temporelle. En moyenne, la perte de biodiversité est évaluée à 15 ou 20 % d’ici 2050. Ce qu’il faut retenir, c’est que c’est énorme. Les dix dernières années sont celles de tous les records, avec une augmentation - en forte accélération par rapport aux décennies précédentes - des phénomènes climatiques extrêmes, des sécheresses, tempêtes et inondations.

Conséquences sur la santé humaine

Si 1/5e de la biodiversité est perdue, l’agriculture, donc notre nourriture, et nos ressources médicamenteuses, seront en chute libre. Quand les scientifiques parlent d’un réchauffement de 2°C, les gens s’imaginent qu’il fera juste un peu plus chaud, mais il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’une moyenne. Lors de la dernière période glaciaire, qui s’est achevée il y a dix mille ans, la planète a connu une baisse de 6°C : il était possible d’aller à pied en Angleterre ! La plupart des espèces peuvent supporter un écart de 1 ou 2°C, mais pas plus : elles sont très sensibles au changement.

La question environnementale en France

‘‘En France, nous n’avons pas suffisamment conscience de notre responsabilité sur la perte de biodiversité.’’

En tant que pays riche, très consommateur, la France a une lourde responsabilité : elle fait partie des États qui pèsent lourdement sur la biodiversité au niveau mondial. Et trop de Français ne savent pas pourquoi celleci est importante. La prise de conscience y est insuffisante. Beaucoup se sentent davantage concernés par le score au football ou le testament de Johnny Hallyday… Or, notre environnement de vie est en train de s’effondrer. Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme depuis des décennies, mais les gens regardent ailleurs. Que faire en tant que citoyen ? Énormément de choses. Je n’en citerai qu’une : manger moins de viande. Le bétail est l’une des causes essentielles de la déforestation ; il représente 60 % des mammifères sur Terre. Nous sommes omnivores, néanmoins manger de la viande 2 ou 3 fois par semaine maximum n’entraîne aucune carence, alors qu’en consommer tous les jours est très mauvais pour la santé : cela provoque des problèmes cardiaques, de cholestérol et d’acide urique. La surconsommation de viande résulte d’une stratégie mise en place aprèsguerre, pour développer les élevages industriels de volailles ou de porcs. Aujourd’hui, la meilleure chose à faire est de surveiller sa consommation et de s’informer.

La sixième extinction d’espèces

Pour la première fois depuis la fin des dinosaures il y a 65 millions d’années, l’humanité est confrontée à une extinction majeure d’espèces de la faune et de la flore. La biodiversité décline très rapidement dans toutes les régions du monde, réduisant significativement la capacité de la nature à contribuer au bien-être des populations. Cette tendance alarmante menace des économies, des moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et la qualité de vie des populations. L’environnement n’est pas un luxe ! Les scientifiques appellent à une prise de conscience politique, traduite systématiquement dans le droit, l’économie, la fiscalité. Et soulignent l’importance d’intégrer populations des pays pauvres et peuples autochtones, affectés directement par la perte de biodiversité, dans les processus de décision.

Franck Courchamp Par Franck Courchamp, Chercheur au CNRS en écologie.

Propos recueillis par Gaëlle Cloarec pour Valeurs Mutualistes n°313, magazine des adhérents de la MGEN - septembre 2018 (merci à l’auteur et à la MGEN pour l’autorisation de reprise).

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