Samedi 29 septembre 2018, a eu lieu l’inauguration du parc éolien de Chamole.

Des centaines de personnes, sont venues s’informer, visiter, témoigner, manifester leur enthousiasme, célébrer le résultat de leur engagement d’associé ou simplement faire une promenade familiale éducative pour découvrir une nouvelle facette du patrimoine jurassien …

Sur les six aérogénérateurs, trois étaient à l’arrêt pour raison de sécurité, et trois tournaient à leur vitesse maximale suite au vent assez fort qui soufflait, les zones d’animations étaient sous le vent à 800 m mais chacun a pu remarquer qu’à cette distance aucun bruit n’était audible. Une série d’acteurs, institutionnels, industriels et coopératifs, ont pu apporter formellement leur soutien à la réalisation. Chacun a eu l’occasion de « sentir » cette atmosphère si particulière que l’on rencontre lorsque les gens unissent leurs forces afin de réaliser en commun quelque chose qui leur tient à coeur. Cette énergie qui permet de vaincre la résignation et donne envie de faire.

Un parcours du combattant

L’implantation d’éoliennes est rigoureusement encadrée par les pouvoirs publics. Jean-Louis Dufour, maire de Chamole, a retracé les 11 années qui ont été nécessaires à la réalisation du parc, les rebondissements, les obstacles décourageants, le travail acharné abbattu par une poignée de citoyens bénévoles. Le permis de construire et les études d’impact ont totalisé 1700 pages, dont certaines laissent songeur : ‘‘Nous avons dû produire une étude sur l’impact d’une météorite sur une éolienne ’’ …

Production, recettes pour les communes, emplois … et esthétique

‘‘ la région dispose désormais d’une base de démonstration et de promotion de l’investissement citoyen’’

Beaucoup de visiteurs trouvent les éoliennes très élégantes. Le parc rapportera chaque année 200 000 € de fiscalité locale et 50 000 € de loyer. La production électrique réduira la forte dépendance énergétique de la région. Après 9 mois de fonctionnement, celleci semble conforme aux prévisions. Enfin, la prochaine loi de finances devrait permettre aux communes qui accueillent des éoliennes de toucher une plus grande part de fiscalité. Enercon, fournisseur des machines, espère créer une centaine d’emplois chaque année en France. Les mâts en béton sont d’ailleurs fabriqués à Compiègne. ### " Les éoliennes, c’est beaucoup de béton “. Vraiment ? Parmi les arguments agités par les détracteurs de l’éolien, on trouve le volume de béton. La plupart de ces opposants s’accommodent pourtant bien de l’étalement urbain, de la construction d’autoroutes et autres infrastructures industrielles bien plus laides qu’un aérogénérateur …

Une fondation sur ces machines a un diamètre d'environ 20 mètres et une hauteur de 3,10 mètres. Elle nécessite environ 70 tonnes d'acier et 680 m3 de béton

À Chamole, les fondations d’une éolienne ont nécessité 680 m3 de béton. Ce n’est pas rien, mais tout équipement a un impact. L’éolienne produira de l’électricité pendant plus de 20 ans pour 2000 foyers. Cela représente 340 litres de béton par ménage, soit 6 brouettes. En comparaison, un garage de 15 m2 nécessite 1 m3 de béton, soit 18 brouettes. Lors d’un récent démantèlement d’éolienne par Enercon, l’ensemble des fondations ont été extraites alors qu’elles devaient être seulement « écrêtées ». Les techniques progressent.

L’urgence écologique

Plus le mensonge est gros plus il passe facilement : certains avancent que l’éolien polluerait plus que le nucléaire. Un aérogénérateur consomme de l’énergie uniquement pour sa construction ; puis il produit de l’électricité pendant 20 à 30 ans sans aucun combustible. Une centrale nucléaire même en raisonnant à nombre de foyers alimentés identiques, est une construction gigantesque, elle fonctionne avec de l’uranium qui a parcouru 8 000 km, nécessité le terrassement de millions de tonnes de minerais, et des procédés d’enrichissement énergivores. A cela, s’ajoute les déchets radioactifs pour lesquels aucune solution satisfaisante n’est en vue, l’énorme consommation d’eau, les rejets d’eau chaude dans les rivières. Citons enfin le cas des centaines d’africains qui meurent de cancers en silence pour avoir travaillé dans les mines d’uranium sans protection : un sacré problème moral. L’éolien produit 12,7 g de CO2 par Kwh, le nucléaire serait du même ordre de grandeur, mais on ne comptabilise jamais l’extraction, l’enrichissement, et le transport de l’uranium … logique ? !

Un sondage réalisé en octobre interroge les Français sur leur perception de l’éolien. Ceux-ci sont sans ambiguïté : 3 sur 4 (73%) en ont « une bonne image ». Ce chiffre grimpe même à 80% pour ceux vivant proche d’une éolienne ! Fait instructif : parmi les riverains opposés à l’éolien, 1 sur 2 change d’avis favorablement après la construction …

Nicolas Roques Par Nicolas Roques (Dole) lire la suite

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