67 Faucheurs volontaires contre Dijon-Céréales

Le procès qui devait s’ouvrir à Dijon le 5 avril a été renvoyé aux 15 et 16 novembre 2018 en raison du mouvement de grève des avocats. Solidaires, parce que partageant les mêmes valeurs, défendre le bien commun, les faucheurs volontaires estiment ce procès urgent, car il y a urgence à alerter sur les OGM mutés.

Urgence écologique, agricole, sanitaire et civilisationnelle à arrêter ces cultures.

Le 28 novembre 2016, 67 Faucheurs Volontaires ont neutralisé deux plateformes d’essai de variétés rendues tolérantes à des herbicides (VrTH) de colza de la coop Dijon Céréales de Longvic en Côte d’Or. A noter que celle-ci n’avait donné aucune suite à la démarche citoyenne réalisée en juillet 2014 dans ses locaux lui demandant déjà l’arrêt des essais de VrTH … Les médias étaient présents lors de cette action de désobéissance civique menée à visage découvert. L’action a été revendiquée et la liste des participants, établie par eux, remise aux autorités.

Pourquoi cette action ?

Par la neutralisation de ces essais, les Faucheurs Volontaires montrent l’existence d’essais en plein champ de colza muté. Ils demandent à Dijon Céréales de mettre un terme à ses essais mais également de ne plus préconiser et commercialiser les semences VrTH.

La directive européenne 2001/18 définit les OGM comme « organismes, à l’exception des êtres humains, dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et/ ou recombinaison naturelle. »

Ils confirment que des OGM sont cultivés en France. Ces variétés sont reconnues OGM par la directive européenne 2001/18 mais ont été exclues du champ d’application de la loi et donc ne sont ni évaluées, ni tracées, ni étiquetées OGM. Ce sont des OGM cachés.

Ils dénoncent l’absence de transparence concernant ces cultures, réaffirment la nécessité et l’urgence d’un moratoire sur ces variées mutées rendues tolérantes à un herbicide en application du principe de précaution. En 1998, le gouvernement français avait interdit, sous la pression de la profession agricole, la culture des colzas transgéniques tolérants aux herbicides en raison des risques de dissémination irréversible du caractère de tolérance à d’autres cultures et aux plantes sauvages apparentées. Le risque alors reconnu par le gouvernement est aujourd’hui le même avec les colzas VrTH.

Mutagenèse, quels risques ?

La technique provoque de nombreuses modifications génétiques non intentionnelles et incontrôlables appelées “effets hors cible”. Les techniques dites connexes associées à la culture in vitro sont longues et stressantes: sélection, transformation des cellules, maintien en culture, multiplication des cellules et régénération de plantes entières puis à nouveaux sélection des plantes mutées. Ces techniques connexes sont aussi à l’origine d’effets non intentionnels qui peuvent être des mutations héréditaires ou des épimutations (elles n’affectent pas la séquence de l’ADN mais l’activité des gènes et sont possiblement héréditaires). Il est démontré aujourd’hui que les variétés d’OGM obtenus par mutagenèse provoquent plus d’effets non intentionnels que ceux obtenus par transgénèse. Dans le cas de la mutagenèse in vitro les plantes obtenues ne sont absolument pas identiques à d’autres plantes ou variétés issues de mutations naturelles ou de mutagenèse in vivo. L’exemption de fait, de la directive européenne, des variétés issues de mutagenèse in vitro et de variétés rendues tolérantes aux herbicides, actuellement sur le marché, accorde un avantage considérable aux entreprises qui les commercialisent. C’est ainsi que de nombreuses variétés mutées sont aujourd’hui commercialisées à l’insu de l’agriculteur, ou du jardinier, et du consommateur.

Des problèmes agronomiques, environnementaux et sanitaires

Les herbicides spécifiques utilisés sur les colzas VrTH ne tuent pas toutes les plantes. Ils appartiennent à la famille des inhibiteurs d’une enzyme: l’acétolactate synthétase (ALS). Ces colzas ont été mis en place dans des systèmes agricoles à rotation simplifiée (blé orge colza) pour faciliter le désherbage en post levée. Or les inhibiteurs de l’ALS génèrent particulièrement l’apparition de mauvaises herbes résistantes ou de repousses de colza résistantes. Cela est d’autant plus vrai que les colzas s’hybrident facilement avec leurs cousines sauvages (rapistre, moutarde, ravenelle…). La dissémination des graines de colza petites et légères est également incontrôlable. Le blé et l’orge utilisés en rotation sont également tolérants à ces herbicides inhibiteurs de l’ALS et donc l’agro système en reçoit en très grande quantité ce qui augmente encore la prolifération des mauvaises herbes devenant résistantes. Dans ce contexte, la culture du colza VrTH à cause des adventices devenues résistantes oblige les agriculteurs à multiplier les quantités, les concentrations et /ou les molécules actives des herbicides (retour aux herbicides totaux en prélevée). Par ailleurs, l’absence d’obligation de déclaration de la localisation des cultures de ces colzas VrTH ne permet aucun suivi de la dissémination des gènes de tolérance aux herbicides aux autres cultures ou aux plantes sauvages apparentées. Il n’existe à ce jour aucune évaluation des impacts au champ et en conséquence dans l’environnement et sur la santé. L’évaluation en milieu confiné sur substance isolée ne peut être significative. Sont donc, plus que suspectés : l’envahissement des cultures par les herbes adventices qui serait une catastrophe agricole et environnementale, la dégradation de la qualité des sols et des eaux (dépassements observés des seuils tolérés dans l’eau potable), les impacts sur la faune et la flore : préjudices majeurs à l’ensemble de la biodiversité tant animale que végétale (exemple: les insectes pollinisateurs), les effets “cocktail” de l’ensemble des substances chimiques utilisées en agriculture tant pour les plantes que les animaux dont l’homme. L’effet sur la santé des herbicides totaux est par ailleurs largement documenté. Les études scientifiques montrent l’importance des pathologies en ce domaine: intoxications aigües, chroniques, troubles neurologiques, perturbations hormonales, cancers etc. On peut légitimement s’interroger sur l’impact sanitaire de la consommation de colza ayant absorbé un herbicide sans mourir…

Les VrTH sont des OGM cachés !

Les VrTH sont obtenues par des techniques visant à introduire volontairement des mutations génétiques dans un organisme vivant par des agents mutagènes - produits chimiques ou rayonnements-, techniques appelées globalement mutagenèse. L’augmentation considérable du taux de mutations consécutive à l’application des agents mutagènes fait que ce procédé ne peut être comparé à un phénomène naturel. La mutagenèse fait appel à diverses techniques « in vivo » et/ou « in vitro ». Les colzas mutés arrachés en Côte d’Or ont été obtenus par mutagenèse aléatoire provoquée « in vitro », impliquant de travailler sur des cellules végétales isolées en laboratoire et non sur des graines, boutures ou plante entière comme dans la technique « in vivo ».

Pascal Blain Par Pascal Blain, président de Serre Vivante

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