Nord Jura, terre d’accueil

Accueillir

C’est bien la question qui s’est posée, qui se pose aujourd’hui partout où il y a moyen de survivre, quand d’autres ont dû fuir la guerre, la faim, l’absence de travail.

Et ceux qui sont assez âgés pour avoir connu l’exode de la dernière guerre sur notre territoire peuvent témoigner de l’importance de la solidarité, qui a permis de sauver bien des Français, des Espagnols, des Italiens… jetés sur les routes.

Une belle mobilisation

'' Il y a tous ceux qui savent que les gens qui se noient avant d’aborder Lampedusa, ou ce petit garçon de trois ans immobilisé par la mort sur une plage de Bodrum, c’est notre famille, notre fils. Ils sont tous ce que nous sommes, des humains. Il est urgent de nous accueillir. '' (Jean-Michel Ribes)

Nous pouvons être fiers, dans ce Nord Jura, que la forêt de la Serre, sa grotte de l’Hermitage ne soit pas le seul refuge pour des gens « déboutés » de tout droit… Une belle mobilisation s’est organisée pour accueillir des familles et leur permettre d’affronter la solitude dans un pays dont elles ne parlent pas la langue, dont elles ne connaissent pas les règles, alors qu’elles n’ont plus rien. Plus rien que le courage, le désir de bien faire, et peut-être cette confiance qu’elles sont enfin arrivées dans le « Pays des droits de l’homme ». Après la mise en place de l’accueil citoyen des Réfugiés (ACR) ceux qui ne trouvaient pas de réponse au 115 ont pu être hébergés. Des logements ont été rénovés par des retraités dynamiques et compétents, du linge et des vêtements fournis par Coop’Agir, des repas servis aux Restos du cœur, des cours de français dispensés par des associations (restos du coeur, Femmes debout, Réseau Éducation sans Frontière), un accueil convivial permet chaque dimanche de se retrouver - migrants et autochtones - au Rallye de St Jean à Dole pour jouer et partager un goûter. Des sportifs organisent des parties de foot pour alléger la solitude et l’ennui quotidien des jeunes « dublinés », Erythréens ou Soudanais, expulsés de Paris vers Dole par bus, hébergés par le CPDA, et menacés d’être réexpédiés dans leurs pays via l’Italie où on a pris leurs empreintes. (= convention de Dublin). Et dans chaque association à vocation d’appui social, on a fait le maximum pour pallier les carences publiques. Ces associations d’aide aux migrants, et toutes les bonnes volontés individuelles qui le souhaitent, se retrouvent au sein du Collectif des Associations de soutien aux migrants de la région doloise.

Les enfants

Ce sont les victimes les plus criantes de la violence qui est subie dans plusieurs régions du monde où nous avons notre part de responsabilité. Sont arrivés à Dole des Mineurs Non Accompagnés : on les appelle les M.N.A. Ils relèvent de la Protection de l’Enfance, donc de la responsabilité du Conseil Départemental, qui souhaiterait que le gouvernement lui alloue des moyens pour faire face à cette charge supplémentaire. Sans ces moyens, la tentation est forte de refuser à ces jeunes le statut de mineur, et hélas de les expulser sans ménagement des institutions qui les abritaient, même par grand froid en période hivernale. C’est alors que l’hospitalité potentielle des citoyens du Nord Jura se manifeste : plusieurs mineurs sont ainsi hébergés depuis 2017 dans des familles, et le relais est passé pour que la charge soit moins lourde. 14 familles au moins sont ainsi impliquées, sans compter toutes celles qui donnent argent, linge, mobilier, et beaucoup de leur temps pour que ne reste pas sur le sable les enfants abandonnés de l’histoire. Oui, nous pouvons être fiers de vivre dans un territoire qui se veut accueillant. Nos enfants nous en sauront gré.

Par Asso ADN-MAN, membre du Collectif des associations de soutien aux migrants