il aime prendre son temps !
Michel Brignot, médecin pneumologue à Dole, vient de publier son septième ouvrage…
Pour parler de son dernier né, « Humeurs d’alambics », dont il a écrit les textes sur des photos de Jérôme Genée, un photographe professionnel, nous nous sommes donné rendez-vous dans son cabinet à la clinique ; cabinet médical qui ressemble à tout, sauf à un cabinet de médecin. Tout son univers de lecteur et d’écrivain envahit la pièce et les photos de ses nombreuses passions, comme l’aviron, tapissent les murs !
Michel Brignot, comment êtes-vous venu à l’écriture ?
« J’ai toujours aimé les livres, en classe j’étais plutôt bon élève, très polyvalent, je m’intéressais à tout mais pas plus aux maths qu’à la littérature. Le gout d’écrire, je pense, je le dois à mon ancien instit’ du cours moyen à Dijon : Albert Meney, un homme hors du commun, ancien résistant, grand défenseur de l’enseignement laïc, candidat aux législatives à Dijon, qui m’a donné l’envie d’avancer, d’apprendre, d’être curieux de tout ; si j’ai eu l’envie d’écrire c’est grâce, ou à cause de lui ! J’écris en réalité depuis l’adolescence, j’étais un enfant très timide, l’écriture était pour moi un moyen d’expression, d’oser prendre la parole sans être coupé, mais je ne les faisais lire à personne. J’écrivais des poésies, des petites pièces de théâtre, j’inventais aussi des confréries et puis je me suis mis à écrire des nouvelles très élaborées, c’est le style qui me convient le mieux, précis et minutieux. Par la suite, j’ai participé a des concours d’écriture, ceux organisés par la Médiathèque de Dole, au fameux concours international de Sestri-Levante, ville italienne jumelée avec Dole et le dernier organisé par le magazine “Participe Présent” où mon texte a été classé premier en 2014. Je n’aurais jamais eu l’idée de le faire lire si les gens ne m’avaient pas dit « ce que vous écrivez est digne d’être lu » et m’y ont poussé ! J’étais terrorisé au début de montrer ce que j’avais écrit mais les membres du jury m’ont vraiment encouragé ! » En août 2012, il écrit son premier roman « Morrison’s Jig », un polar obscur qui sort des sentiers battus dont l’intrigue traverse le XIXème et le XXème siècle ; une sorte de balade irlandaise au nord de la Bretagne au large des Sept-Îles : « *J’avais très envie d’écrire un roman mais c’est un énorme travail de documentation pour assoir les personnages, les décors, le cadre historique qui m’a demandé en tout un an, dont quatre mois de recherche et environ cinq d’écriture ! *». Pas toujours facile de concilier vie professionnelle ou familiale avec une activité d’écrivain parfois dévorante …
Que vous apporte l’écriture ?
« Pour moi c’est une échappatoire, une soupape ; j’ai un métier que j’adore qui me prend beaucoup de temps et d’énergie, j’ai besoin de me vider l’esprit de temps en temps. Maintenant j’écris pour offrir quelque chose et surtout quelque chose que je fais de mes mains.
Ça m’émerveille, je ne me lasse pas d’être surpris : si je peux donner un peu de bonheur c’est une source d’équilibre car dans mon métier je vois souvent des choses pas très drôles. Et comme je ne compte pas vivre de ma plume, j’écris sans aucune pression, sans urgence, je ne me donne pas de limite de temps, je vais à mon rythme. Dans mon dernier ouvrage « Humeur l’alambic », je suis tombé en admiration devant les photos de Jérôme Genée sur le monde du vin et de la distillation en Franche-Comté. J’ai voulu le rencontrer, nous avons choisi les photos ensemble, j’ai côtoyé quelques distillateurs, j’ai écrit des textes puis j’ai tout concentré en quelques lignes, un peu comme la goutte qui sort de l’alambic ! J’ai envoyé les textes à Jérôme pour relecture et il ne restait plus qu’à trouver un maquettiste. Ce n’est pas un manuel des secrets de fabrication mais une découverte de ce monde si particulier, une rencontre avec les plantes, les grains, les sols et les hommes qui produisent ces nectars enivrants ».'' je me considère vraiment comme un artisan qui partage un bel objet avec ses lecteurs.''
Avez-vous des projets, de nouveaux univers à explorer ?
« Je suis un hyper actif, j’aime à dire que j’ai toujours un projet de retard; pour l’instant, j’ai dans la tête un recueil de nouvelles sur la différence, j’en ai déjà écrit quatre, toutes sur des évènements vécus pendant mes voyages. J’ai aussi envie de faire une biographie, sur un personnage franc-comtois qui a vécu en Italie, peut-être un roman sur une saga familiale mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant. » André Besson a proposé « Humeurs d’alambics » au prix Louis Pergaud, organisé par l’association des francs-comtois de Paris en juillet 2017.
Sept livres publiés en 10 ans …
En 2008 sort son premier titre, un recueil de nouvelles « Hors du bocal » sur ses souvenirs d’enfance dijonnaise, préfacé par son instituteur devenu son ami. Très vite suit un second : sa passion pour la mer et la navigation lui ont inspiré « une bande rouge dans le vent ». Il publie en 2012 le roman « Morrison’s Jig » puis en 2015 un recueil de nouvelles intitulé « Renaissances ». En 2016, nouveau genre avec « Mémoire d’aviron » sur des photographies d’Anthony Benoit. En 2017, un recueil de nouvelles « Le mode changera un jour » et « Humeurs d’alambics ».
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