800 ans d’histoire !
L’histoire du château semble commencer au début du 13ème siècle.
La Franche-Comté était alors secouée par une guerre sauvage entre deux lignées de la maison des comtes de Bourgogne. C’est dans ces circonstances que dut être édifié le premier château de Chevigny dont subsistent, outre l’imposant mur bouclier face au village, la base de la tour d’entrée, les restes de la tour de flanquement du rempart sud. La paix fut rétablie sous l’égide du duc de Bourgogne par le traité conclu à Bèze en juin 1227: les importants fossés du château qui le rendaient presque imprenable avec les moyens de l’époque, y sont mentionnés.
Chevigny, place frontière
Si le duc s’intéressait ainsi à la Franche-Comté, c’est qu’il regardait déjà au-delà de la Saône. Le 15 juin 1237, il acquérait la tête de pont d’Auxonne, sur la rive gauche de la rivière. La frontière entre Duché et Comté se trouvait reportée de la Saône à la forêt des Crochères. Chevigny devenait ainsi une place frontière. Dans l’immédiat, on n’en mesura pas toutes les conséquences; mais la Franche-Comté fut bientôt en ébullition, quand le Comte de Bourgogne Otton IV l’eut cédée, par le traité de Vincennes en 1295, au roi de France, Philippe le Bel. 1356 : le tremblement de Bâle Les 18 et 19 octobre 1356, le grand tremblement de terre dit « de Bâle» secoue la région. Le château de Chevigny subit de plein fouet la secousse et l’on en voit encore les traces aujourd’hui. Gui de Cicon, seigneur du lieu, obtint alors de la comtesse de Bourgogne des facilités pour réparer son château. C’est alors que fut reconstruit le bâtiment où les actuels propriétaires ont établi leur résidence.
Différents propriétaires
Passé par mariage de la famille de Cicon à celle de Champdivers ce château de la frontière fut victime des guerres de la succession de Bourgogne à partir de 1477. Les propriétaires de l’époque se succédèrent : de Champdivers, de Gattinara, premier président du parlement de Dole et chancelier de Charles Quint, et à nouveau la famille de Cicon.
1674, la Franche-Comté devient française
La rivalité franco-espagnole, aboutissant à la guerre de Trente ans, valut à Chevigny, l’honneur d’un siège le 2 août 1638. Le château, battu par le canon dut se rendre ; mais deux des ailes, celle de l’est et celle du sud n’étaient plus que ruines. Le seigneur de l’époque, de Laborey, entreprit de réparer les dégâts. Brève accalmie précédant de peu les deux conquêtes de la Franche-Comté par Louis XIV (1668 et 1674). Le traité de Nimègue (1674) le délivra de son rôle de place frontière.
Une seigneurie rurale
Devenu français, le château ne fut désormais plus que le centre d’une seigneurie rurale. Les notables familles Duchamp d’Assaut, de Guitaut, Deservillers, de Mollans qui en héritèrent, en firent une paisible résidence villageoise, épargnée par les drames de la Révolution française. Vendu par ses nobles propriétaires à des paysans du lieu qui ne pouvaient assumer longtemps les frais de son entretien, le château abandonné ne tarda pas vers 1930 à tomber en ruine puis à être dépecé pour ses matériaux. Roland Berthet acquit le château vers 1970. Une visite des lieux montre les réalisations déjà accomplies après 50 ans de travaux, comme le corps des logis parfaitement restauré et les fossés côtés sud qui ont été recreusés.
Révolte contre les pigeons du seigneur
Dans son ouvrage «Statistique historique de l’arrondissement de Dole» (1842-volume 2), Armand Marquiset nous livre une anecdote de la fin du 15ème : « Le colombier du château renfermait une si grande quantité de pigeons, que les semences de toutes les terres étaient dévorées par ces oiseaux affamés. Les villageois firent donc une humble demande à leur seigneur. Ce dernier, furieux qu’on semble vouloir lui dicter des lois, promit d’augmenter encore le nombre de ses pigeons. Irrités de cet accueil, les paysans vinrent mettre un siège devant le château. Quand le châtelain vit ses sujets révoltés se disposer sérieusement à l’attaque, il se prépara avec ses hommes d’armes à soutenir le choc mais l’armée assiégeante se borna tout simplement à observer la forteresse. Au bout de quinze jours le seigneur, manquant de vivres et de forces, fut obligé de demander grâce. Les villageois demandèrent la mise à mort de 1500 pigeons.»
Samedi 20 mai 2017, la randonnée de Rainans à Chevigny proposée par Serre Vivante dans le cadre de la fête de la nature, a fait une halte au château. Roland Berthet, son propriétaire, nous accueillait …
Par Laurent Champion, Chevigny
Cliquez sur l’image pour accèder au texte publié dans le bulletin 44 …