Un ingénieur pour l’entretien et la restauration des milieux humides

c’est le plus grand rongeur de l’hémisphère nord : de 1 à 1,2 m de longueur pour 30 kg à l’âge adulte

Le Castor d’Eurasie fait partie des espèces emblématiques et autochtones de notre grande faune, comme le lynx ou le chamois. Protégé en France et en Europe, il présente aujourd’hui de belles populations régionales, après un retour timide il y a une vingtaine d’années, et après avoir disparu depuis plus d’un millénaire de notre région !

Peu à peu, il s’installe …

Il colonise les milieux aquatiques (rivières, rus, plans d’eau, etc.) boisés, notamment de saules et de peupliers, d’où il avait été exterminé auparavant.

‘‘Un phénomène extraordinaire ’’

La réapparition d’une espèce d’une telle taille et au rôle si fondamental dans la gestion des écosystèmes aquatiques est un phénomène extraordinaire qu’il convient de suivre et d’accompagner. Sa présence est aujourd’hui commune sur le Doubs (de sa confluence avec la Saône jusqu’à Baume-les-Dames. Des des éclaireurs semblent même être parvenus dans l’agglomération de Belfort-Montbéliard) et la Loue (de la confluence avec le Doubs jusqu’au delà d’Ornans). L’Orain, la Cuisance, la basse Clauge et la basse Sablonne sont à leur tour en cours de colonisation, tout comme l’Ognon.

Exclusivement végétarien, le castor consomme quotidiennement entre 1 à 2 kg d’herbes, de feuillages et d’écorces. Ses besoins alimentaires conséquents le conduisent à jouer un grand rôle dans l’entretien des écosystèmes aquatiques. En se nourrissant d’herbiers, de plantes herbacées et en prélevant quantité d’arbustes et de branchages, il participe à l’entretien et à la régénération de la végétation. En hiver, l’abattage d’arbres est une activité significative, quoique limitée, visible dans le paysage ! Elle permet également un renouvellement de la végétation ligneuse qu’il entretiendra ensuite dans le temps.

Les conditions à son installation sont simples. Il peut coloniser tous les milieux aquatiques (rivières, rus, plans d’eau, etc.) présentant des boisements de bois tendres (saules et peupliers, voire noisetiers et cornouillers sanguins) et une hauteur d’eau suffisante pour se déplacer et construire ses gîtes, dont l’entrée sera préférentiellement immergée. Tous ces secteurs ne permettent pas forcément l’implantation pérenne d’un couple reproducteur, les profondes modifications apportées par l’homme sur le fonctionnement et la dynamique des cours d’eau réduisant souvent les potentialités du milieu. Mais le castor possède d’importantes capacités d’adaptation et il peut tirer profit de certains aménagements. Par exemple, les zones d’eaux plus calmes en amont des seuils et petits barrages abritent souvent les gîtes de l’animal, protégés ainsi des grosses fluctuations d’eau.

Un gestionaire de son milieu

Son principal intérêt réside dans sa capacité à faire évoluer - on peut dire gérer - le milieu de vie qu’il occupe par son action d’entretien des boisements rivulaires. Ses prélèvements permanents dans la végétation, notamment ligneuse (coupe de branches et d’arbustes, abattage d’arbres) à des fins alimentaires (feuillages, branchages et écorces) participent à la diversification et la régénération des végétations en place. C’est aussi et surtout par l’édification de barrages que son impact bénéfique sur les milieux aquatiques et humides est le plus significatif. Phénomène encore marginal à l’échelle régionale (Nièvre, sud Jura), ils sont suivis depuis 2011 en Petite Montagne où leur présence marque localement profondément le paysage. Plus récemment, un barrage aux confins du Jura et de la Saône-et-Loire, en basse vallée du Doubs, montre que les castors locaux ne sont pas en reste lorsque le cours d’eau colonisé atteint un niveau d’eau trop bas menaçant la survie des individus.

Partageons la nature !

Une espèce « ingénieur » travaillant gratuitement à l’entretien et à la gestion de nos écosystèmes ? Une belle opportunité à condition d’accompagner les acteurs concernés par ces transformations singulières de nos milieux naturels. C’est un des objectifs du Plan d’action régional 2014-2016, initié par FNE Franche-Comté et la LPO Franche-Comté, avec l’aide de l’ONCFS et le soutien de la DREAL et de la Région Franche-Comté, et qui demande à se poursuivre à brève échéance à l’échelle de la grande région.

Il est important de laisser l’animal reprendre sa place. Il n’est pas le « super-ragondin » menaçant l’équilibre de nos cours d’eau, mais celui qui nous invite à concéder un peu de notre environnement, parfois en déprise, souvent aseptisé, à une nature sauvage tout à fait capable de cohabiter à nos côtés si on lui en laisse l’opportunité. En réapprenant à observer, abandonnant un peu notre vision anthropocentrée, on remarquera combien cette nature apporte de nombreux bénéfices à notre espèce. Ne serait-ce qu’une source inépuisable d’inspiration et d’admiration.

en savoir +> https://www.jne.asso.fr/

Vincent Dams Vincent Dams, animateur Nature à JNE

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