le martyre de saint Ferjeux et saint Ferréol

Le tableau restauré fin 2015 par le Centre régional de restauration et de conservation des œuvres d’art illustre les saints patrons de l’église de Saligney.

Cette peinture à l’huile sur toile est le seul témoignage issu du sanctuaire primitif de Saligney qui fut remplacé par l’église actuelle, édifiée en 1848.

L e culte rendu aux saints martyrs Férréol et Ferjeux est né à Besançon suivant le récit plus ou moins légendé de la vie des deux frères évangélisateurs. Venant de Lyon, Ferréol, prêtre, et Ferjeux, diacre arrivent à Besançon vers 180 après J.-C. où ils suscitent de nombreuses conversions par leur prédication. Dénoncés, les deux orateurs sont arrêtés et subissent le martyre à Besançon sans doute en 212. Leurs corps sont retrouvés à Besançon vers 370 ap. J.-C., et leurs reliques transférées à la Cathédrale Saint-Jean.

Le martyre de saint Ferjeux et saint Ferréol Le martyre de saint Ferjeux et saint Ferréol

L‘oeuvre

La composition représente l’empereur - ou le représentant impérial - donnant ordre de l’exécution au bourreau tandis qu’en pendant, sur un socle, la statue probable d’un Jupiter accompagné de son aigle et tenant le foudre, évoque un paganisme violent mais également fragile. Aux pieds de l’idole sculptée se devine un trépied où brûle le feu du sacrifice, symbole du culte païen auquel les deux frères évangélisateurs avaient refusé de sacrifier.

Dans l’esprit du Concile de Trente, le sujet de ce retable est donc bien le triomphe de la Croix visible au centre du tableau. Les deux figures du monde païen sont finalement assez en retrait par rapport aux martyrs revêtus de rouge flamboyant. La peinture de la scène fait appel au vocabulaire de la peinture académique du XVIIe siècle : la colonne qui apporte une certaine solennité à la représentation, le dais antique…

Les teintes chromatiques de rouge et la palette chaude participent de cette mise en scène dramatique de la peinture de retable qui devait être comprise par les fidèles entrant dans l’espace sacré. Le tableau anonyme est à l’actif d’un atelier sans doute comtois expérimenté.

La restauration

La couche picturale était encrassée par la suie des cierges et la poussière et laissait voir en maints endroits des soulèvements et des manques. De nombreux réseaux de craquelures parcouraient la surface du tableau. Le vernis épais et oxydé a été allégé. Un doublage aveugle en lin a été disposé au revers de la toile pour éviter tout empoussièrement ou accident par le revers. La réintégration illusionniste des lacunes, comblées en premier lieu par un mastic, a été ensuite effectuée à l’aquarelle.

Cette restauration a été financée par la commune, la DRAC de Franche-Comté, le Département et la réserve parlementaire du sénateur Barbier. Merci à Armand Athias, curé du doyenné de la Petite Montagne, pour son concours sur l’iconographie du tableau.

Le CRRCOA, Kesako ?

Fondé en 1985 par le Département de Haute-Saône et la Région Franche-Comté, le centre régional de restauration et de conservation des œuvres d’art de Franche-Comté est situé à Vesoul. Constitué de plus de 2 000 m2 d’ateliers et de laboratoires, il emploie une équipe de professionnels diplômés de l’Institut National du Patrimoine. L’établissement répare différentes œuvres des collections publiques mais aussi privées tels que des sculptures, des peintures sur toile, des textiles, des retables et divers mobiliers. Il est l’un des 6 centres de restauration français. Les œuvres font l’objet d’une attention toute particulière : diagnostic des altérations, évaluations des causes des dégradations, analyse de l’état de conservation, prévention des risques et opérations de conservation ou de restauration sont mis en œuvre de manière efficace et réversible, dans le respect des matériaux originaux, pour valoriser les objets et les transmettre dans les meilleures conditions aux générations futures

En savoir + > http://crrcoa.fr/

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