Les enfants adorent !
En suivant le Chemin de la Poste en direction de Saligney, après avoir traversé la route d’Amange à Moissey, on trouve à environ 1 200 mètres de cette dernière un petit sentier sur la gauche, qui conduit le promeneur au pied d’une roche escarpée connue sous le nom de Grotte de l’Ermitage
Le plus sympa est d’emprunter le sentier botanique aménagé au printemps 1971 par l’ONF avec l’aide des écoliers de la grande classe (CE2 et CM) de l’école de Moissey et de leur instituteur, M. Cristel Poirrier. On y découvre le nom des principales essences présentes dans la Serre et il conduit à une source d’où sort une eau limpide. Cette source ne tarissant jamais forme ensuite un joli ruisseau, la Vèze, qui traverse la forêt en se dirigeant du côté du Pré des Vaux. Trente mètres plus loin, le sentier arrive face à la grotte.
Le massif de la Serre est le seul massif granitique du Jura
Le sommet est couvert d’un grès arkosique du Trias reposant sur le socle cristallin. L’érosion de ce grès donne naissance à des cavités telles que la grotte de l’Ermitage. Ce grès à gros grains a été utilisé dès le néolithique pour fabriquer des polissoirs et des meules à grains, puis aux époques plus récentes pour la confection de meules de moulin.
La grotte
Située à 315 m d’altitude, elle mesure environ 15 m de longueur, 8 m de largeur et 7 m de hauteur. Elle se compose de deux étages. En bas un grand porche de 2m de haut et presque 4m de large s’ouvre sur une grande salle éclairée à l’arrière par une faille creusée par l’érosion. En haut, quatre petites pièces ont une fenêtre donnant sur la façade. Des traces de pics visibles dans les trois pièces du bas montrent que l’homme est intervenu dans l’aménagement de la grotte. La plate-forme devant la grotte a aussi certainement été aménagée car elle détruit la pente générale du versant.
Les ermites : où sont-ils ?
Alphonse Rousset écrit au milieu du XIXe siècle « Si l’on compare la forme de l’Ermitage de Moissey aux grottes qui servirent de retraite aux premiers solitaires de l’Occident, on leur trouve tant de points de ressemblance qu’on en conclurait facilement que ce réduit fut occupé dès le Ve ou VIe siècle par des ermites. L’étage supérieur servirait d’église et le rez-de-chaussée de logement aux ermites ».
On remarque en plusieurs endroits des traces de chaux et de plâtre, preuve indéniable que la retraite de l’Ermitage a été habitée. Mais sur les prétendus ermites, on ne sait pratiquement rien. On incline plutôt à croire que c’étaient des reclus volontaires, mendiants et errants, qui avaient choisi cette retraite pour vivre à leur guise, à l’écart de la société
La légende de la dame Blanche
« A ce lieu révéré se rattachent encore les apparitions d’une dame blanche, et nous avons tout lieu de croire que c’est la même dame que la chasseresse nocturne de la forêt, à moins qu’elle ne vienne elle-même révéler sa véritable origine à ceux qui s’informent d’elle, et leur dire : Non, je ne suis pas la Diane de ces parages, mais je suis la druidesse de cet antique sanctuaire » écrivait Désiré Monnier en 1854 dans son ouvrage « Traditions populaires comparées ».
Les Bons Cousins Charbonniers
On est mieux documenté sur le point suivant : la grotte de l’ermitage a servi, entre les années 1840 et 1850, de lieu de réunion aux membres de la confrérie des «Bons Cousins Charbonniers de la Serre». Cette association était née, dit Marquiset, dans des temps assez reculés, du besoin qu’avaient éprouvé les hommes, contraints de vivre dans les bois, de se rapprocher et de se secourir mutuellement. Ils avaient emprunté à l’art de la carbonisation du bois, leurs emblèmes, leurs cérémonie, leur vocabulaire symbolique.
Les assemblées, qui, en dehors de la vente des bois proprement dite, avaient souvent pour but quelque oeuvre de bienfaisance, étaient surtout des rendez-vous de bons vivants, réunis pour consommer gaiement des victuailles et des boissons, comme le font aujourd’hui, en renouant une joyeuse tradition, les groupes qui viennent visiter ce magnifique site de l’Ermitage.
à lire sur les Bons Cousins
Pierre Merlin a dirigé un ouvrage consacré aux Bons Cousins Charbonniers, publié en 2005, qui apporte un éclairage sur cette « société secrète » de Franche-Comté et sur son rôle dans le mouvement républicain. Il permet aussi de distinguer les Bons cousins des Carbonari italiens – plus célèbres qu’eux – et de la franc-maçonnerie. Cette étude s’appuie sur la découverte par Pierre Merlin d’un catéchisme publié en 1835 par un imprimeur de Dole et qui est, en l’état des sources, le dernier publié par les Bons cousins.
Livre broché, 239 p Édition de Folklore comtois. 20€
Pour aller sur place avec un GPS : Latitude : 47.1875 | Longitude : 5.55
Cliquez sur l’image pour accèder au texte publié dans le bulletin 41 …