Agir pour la biodiversité

Les arbres têtards ont été formés par la main de l’homme depuis des décennies pour des usages variés : fagots, vannerie, fourrage, ombrage pour le bétail, etc. C’est un entretien régulier, tous les 5 à 15 ans en fonction des essences, qui permet à l’arbre de garder sa caractéristique d’arbre têtard.

De nos jours, ces arbres, également nommés Trognes, sont peu à peu oubliés par la population et disparaissent de nos campagnes, faute d’entretien. Toutefois ils font partie intégrante de notre patrimoine local, du paysage rural et représentent un écosystème accueillant pour une faune et une flore de qualité.

L’arbre têtard, support de biodiversité

Une huppe faciée Une huppe faciée

Du fait des tailles régulières réalisées à une hauteur définie du tronc, celui-ci crée des excroissances qui forment cette tête caractéristique et qui favorisent l’apparition rapide de cavités jusqu’au cœur du tronc. Cette multitude de cavités de taille variable permet à toute une faune de s’installer : oiseaux cavernicoles, rongeurs, chauves-souris, reptiles, amphibiens, invertébrés, etc. De plus, l’accumulation de brindilles, petites branches et feuilles mortes tombées dans les cavités se transforme petit à petit en un terreau très riche, à l’abri des intempéries. Ce terreau accueille à son tour de nombreuses espèces d’insectes. C’est par exemple dans ce terreau que grandit la larve du Cétoine doré, un coléoptère pollinisateur, ou encore celle du Pique-prune, un coléoptère protégé nationalement. Le têtard devient également un lieu de croissance pour de nombreux végétaux, des plus petits (mousses, lichens) aux plus grands (arbustes).

Une action de préservation

C’est pour sauvegarder et valoriser ce patrimoine arboré que le programme Biodiversit’Haies de France Nature Environnement Bourgogne Franche-Comté et Jura Nature Environnement, avec le soutien du Conseil Régional et de la DREAL Franche-Comté, met en œuvre une action de restauration sur trois sites franc-comtois :

  • région Doloise, au bord du Doubs
  • bassin lédonien, sur les communes de Montmorot et de l’Étoile
  • vallée de l’Ognon, à Étrabonne

Sur chacun de ces sites, des professionnels de l’élagage interviennent pour réaliser la taille en têtards sur une centaine de vieux arbres nécessitant un entretien d’urgence. Si les essences d’arbres entretenues en têtards peuvent être nombreuses, la grande majorité des trognes trouvées en Franche-Comté sont des saules (Saule blanc pour la plupart).

Le site de Dole

Dans la basse vallée du Doubs, on rencontre d’importantes densités de têtards au sein des prairies inondables. Les gros saules ont en effet la capacité de boire d’énormes quantités d’eau, jusqu’à 750 litres par jour, et de la restituer lentement, contribuant ainsi à la limitation des inondations. L’action de restauration s’est focalisée sur les saules têtards située dans le territoire de l’exploitation agricole du Centre Hospitalier de St Ylie, sur la commune de Dole. Ils forment une allée en bord de prairies entre le Doubs et le Canal du Rhône au Rhin. Le site a été choisi en cohérence avec les actions mise en place dès 2010 par l’EPTB Saône et Doubs via l’outil Natura 2000, durant lequel plusieurs centaines de têtards ont été restaurés dans les communes de la basse vallée du Doubs en aval de Dole.

Ces actions permettent la préservation d’un continuum d’arbres têtards le long du Doubs, ainsi que le maintien de milieux favorables à des espèces emblématiques du Jura comme la Chouette chevêche, la Huppe fasciée ou le Torcol fourmilier. Un partenariat entre le CHS de St Ylie, JNE et Dole Environnement permet d’organiser les chantiers et pérenniser la préservation des arbres. 25 arbres ont été taillés début 2015 par l’entreprise doloise Arbor & Sens, et l’action va se prolonger par la taille d’une trentaine d’autres en 2016. Le bois issu de la taille sera réinjecté dans la filière bois-énergie. Les rémanents, petites branches, vont faire l’objet d’un broyage à l’aide du soutien technique de la Ville de Dole, et seront valorisés localement par les espaces verts du CHS de St Ylie et de la ville de Dole. Les résidents du CHS bénéficient, dans le cadre de ce partenariat, de plusieurs animations et petits chantiers organisés par Dole Environnement.

Willy Guillet par Willy Guillet, animateur Nature à JNE,

Histoire d’un arbre pas comme les autres

L’homme primitif recépait sans doute déjà les saules pour obtenir les longues et fines baguettes d’osier dont il avait besoin pour la vannerie. Au néolithique, avec l’apparition de l’élevage, l’obtention d’un complément fourrager par le recépage régulier de certaines essences dont le feuillage était naturellement recherché par les animaux domestiques est une hypothèse envisageable, mais ce n’est qu’à partir du Moyen Âge que l’on est certain de l’exploitation des arbres sous cette forme grâce à l’iconographie qui est parvenue jusqu’à nous. Les enluminures nous montrent des saules exploités pour la vannerie, pour la réalisation de haies sèches ou de potagers en carré. Tout au long de l’histoire, des artistes (Bruegel, Van der Weyden, Van Gogh, Monet …) nous ont transmis des représentations d’arbres d’émonde. Ces arbres faisaient partie intégrante des paysages agrestes et formaient l’environnement quotidien du monde rural jusqu’à la révolution agricole qui a suivi la deuxième guerre mondiale …

En savoir +> http://www.jne.asso.fr

https://www.fne-bfc.fr/nos-actions/programmes/biodiversithaies/

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