Des éléments traditionnels issus du terroir et de la culture locale
Offlanges n’avait semble-t-il jamais eu d’armoiries. Sous l’impulsion de M. Thierry VINCENT, le conseil municipal s’est adressé à l’un des meilleurs spécialistes en héraldique, Nicolas Vernot, qui a étudié et réalisé un projet reposant sur de solides bases historiques.
Fruit d’un long travail de concertation, ces armoiries associent divers éléments traditionnels issus du terroir et de la culture locale, mais traités avec un graphisme dynamique et contemporain, associant trait vigoureux et couleurs vives.
Perché, sous le signe des anges
Reconnaissable de loin grâce à son clocher caractéristique, Offlanges est le village le plus élevé de la vallée des Anges : on affirme que d’ici l’œil peut dénombrer 52 clochers ! Cette situation de belvédère réputé est évoquée par le mont central stylisé dominé par le clocher comtois entre deux lions ailés, le tout se détachant sur un ciel d’azur. Par leurs ailes, les deux « lions-anges » localisent le village dans la vallée des Anges et forment des armoiries “parlantes”. Ce procédé, traditionnel en héraldique, consiste à inclure des éléments qui évo-quent phonétiquement le nom du propriétaire : ainsi s’expliquent le lion des armoiries de Lyon, les épis d’orge d’Orgelet ou le faucon de Faucogney. Une interprétation religieuse est aussi possible. Sur un champ d’azur, couleur de Marie, ces lions qui, grâce à leurs ailes, paraissent s’élever dans le Ciel, évoquent le fait que la paroisse est sous le titre de l’Assomption. Le magnifique retable du XVIIIe de l’église du village en témoigne. Géographiquement et spirituellement, Offlanges est bien un haut lieu.
Fier de son vignoble
Pendant des siècles, la viticulture a été une des principales sources de revenu, marquant fortement le paysage communal : toutes les mai-sons anciennes possèdent une cave. Un dicton affirmait jadis : « Quand les gens d’Offlanges ouvrent leurs caves, ils noient les gens.». Les trois demi-cercles (mont central calé entre deux plus petits), évoquent les voûtes des légendaires caves d’Offlanges. Les vignerons ont inspiré au poète Claude-François Perrin de Saux, qui vivait au village dans la première moitié du XIXe siècle, un de ses poèmes, composé en patois local. Dévasté par le phylloxéra, le vignoble a été partiellement reconstitué à partir des années 1970. Les vignerons locaux produisent du vin rouge, du vin blanc et du pétillant sous appellation « Vin de pays », la seule du Jura. Les deux grappes de raisin qui encadrent le calvaire rendent explicite cette activité viticole ancienne et maintenue vivante.
De précieuses ressources en eau
Bien qu’aucun cours d’eau ne traverse le village, Offlanges est alimenté par son propre réseau, qui a donné naissance à un ensemble d’infrastructures d’un réel intérêt patrimonial (captage des sources dans le massif de la Serre, réservoir, puits, abreuvoirs et fontaines). Les quatre branches du filet en croix d’argent, couleur aquatique, rappellent les quatre principaux points de captage d’eau potable du village (sources de la Pleine lune, de la Raie des cerisiers, de la Raie Coulon, de la Raie des sapins).
Ombres et mystères de la forêt de la Serre
Élément central des armoiries, le calvaire stylisé reprend la silhouette des fameuses croix pattées typiques des villages du massif. Nulle part ailleurs en Franche-Comté on ne rencontre une telle concentration de ces croix : 43 ont été recensées, dont sept sur le territoire d’Of-flanges. La forêt de la Serre conserve, sur le finage d’Offlanges, un site d’un grand intérêt archéologique : une carrière d’extraction de meules qui aurait été en activité du XIIIe au XVIIIe siècle selon l’archéologue Luc Jaccottey. Cette activité est évoquée à la fois par la meule qui, comme dans la réalité, sert de socle aux calvaires locaux, et, d’autre part, par les trois demi-cercles qui, cette fois, évoquent le front de taille de la carrière vu du dessus.
Enfin, l’appartenance à la Serre est encore évoquée par les fougères, plante emblématique. Le sol granitique du massif explique la présence de plusieurs stations d’osmonde royale (Osmonda regalis). Bénéficiant d’une protection régionale, cette espèce d’intérêt patrimonial trouve son biotope optimal au niveau des zones humides, qu’elles soient forestières ou plus ouvertes. Cette fougère est inféodée aux sols granitiques et donc absente du reste du territoire de la Franche-Comté qui est calcaire.
Par ailleurs, la commune abrite une station botanique très rare, unique en Europe, où, sur un hectare environ se trouve une association de néfliers (Mespilus germanica) avec un polypode (fougère) sur eurite. Une datation des arbustes a été réalisée il y a quelques années par le scientifique Damien Marage montrant que cette station est plus que centenaire. Les frondes des fougères stylisées sont terminées par leurs crosses afin de figurer un développement harmonieux de la commune, respectueux de son environnement.
Fier de son identité comtoise
A Offlanges, les traditions comtoises sont maintenues vivantes. Outre la viticulture, notons l’existence de la confrérie de Sainte Anne, fondée en 1616 et toujours active, ainsi que la fête de l’Assomption, animée par les conscrits, fête à la fois religieuse et conviviale. Cette identité comtoise est fièrement proclamée dans le blason, évoquée par plusieurs éléments : les deux lions couronnés d’or, armés et lampassés de gueules, ainsi que la dominante azur et or du blason communal, tirés des armoiries et du drapeau de la Franche-Comté ; le clo-cher dit « comtois », à la silhouette caractéristique ; la devise qui souligne que le peuple d’Offlanges, à l’image des deux lions protégeant le clocher, est gardien des traditions comtoises. Traduite mot-à-mot, la devise signifie « gardien des traditions des Séquanes » : du nom de la tribu gauloise qui vivait à l’emplacement de l’actuelle Franche-Comté ; le terme s’est maintenu, utilisé dans les textes latins postérieurs à l’Antiquité pour désigner tout ce qui avait trait aux Comtois.
par Nicolas VERNOT
BLASONNEMENT
Le blasonnement est la description en langage héraldique des figures et couleurs de l’écu.
D’azur au mont haussé à trois coupeaux unis, le deuxième d’un diamètre double des deux autres et sommé d’une ombre de clocher du lieu ajourée du champ, mouvante et unie à lui, le tout d’or ; le mont chargé d’une croix de calvaire légèrement pattée d’azur, au pied fiché dans une meule de même et chargée d’un filet en croix recroisettée d’argent, le calvaire accosté de deux grappes de raisin d’azur tigées et vrillées de gueules ; le clocher accosté de deux lions naissants et adossés, ailés et couronnés d’or, armés et lampassés de gueules.
Devise : CUSTOS MORUM SEQUANORUM (« gardien des traditions des Séquanes »).
Soutiens : six frondes de fougères déployant leur crosse de sinople, trois de chaque côté, mouvantes des flancs de l’écu.
SOURCES
Parmi les nombreuses sources consultées, citons :
- CHIFLET (Vicomte), « Perrin de Saux », Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon. Séances publiques des 28 janvier et 25 août 1875, Besançon, 1875, p. 1-20, ici p. 12-13 (trois strophes du poème Le vigneron d’Offlanges).
- Alphonse ROUSSET, Dictionnaire géographique, historique et statistique… du Jura, t. IV, Besançon, 1853, p. 522-524.
Ainsi que les sites Internet ci-dessous :
Sans oublier les nombreuses informations et photographies transmises par Thierry VINCENT, conseiller municipal, ainsi que par Pascal BLAIN, de l’association Serre vivante.
Le vigneron d’Offlanges,
(poème en patois d’Offlanges composé au XIXe siècle - extraits)
Au contre das gens d’lai vaile
Sou pié evan lou soulo,
Y pompe lai goutte et faile
Ai vignes au grand gailo ;
Y déchausse, y taille, y sombre
Et quant y seu ben en train,
Lou temps passe c’ment un ombre
Pon d’souci ni pon d’chaigrinY me repose lou dimanche.
Co l’jou qu’é m’fa lou pu bai ;
Chemise, craivaitte bianche,
Veste nove et fin chapai.
Y vais quand lé messe soune
Pria Dieu en bon chrétien ;
Tous las gens crayant qu’é toune
Chaque fois qu’y chante au lutrin.Y n’veux point de ças d’moiselles
Qu’ai pouthiant manche à gigots,
Rubans, gorgères, dentelles,
N’vant pas d’aiveu lous bigots.
Si ma fane n’ot pas saige,
Qu’ell’veuille allai trop grand train
Tant qué sran ai not mainaige
Y saurâ vaillie au grain.
En savoir + > http://www.offlanges.fr